La Préface du cardinal Robert Sarah Avant l'apparition de la Vierge Marie, au printemps 1916, l'Ange de la Paix apparut à Lucie, Jacinthe et François, et leur dit : « N'ayez pas peur, je suis l'Ange de la Paix. Priez avec moi! » L'Ange se mit à genoux et se prosterna jusqu'à terre. Alors, pris d'une force surnaturelle, les enfants l'imitèrent et répétèrent après lui cette prière : « Mon Dieu, je crois, j'adore, j'espère et je Vous aime. Je Vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, n'adorent pas, n'espèrent pas et ne Vous aiment pas. » Puis l'Ange disparut. À l'automne 1916, à la troisième apparition de l'Ange, les enfants se rendirent compte que l'Ange, toujours le même, tenait dans sa main gauche un calice au-dessus duquel flottait une hostie. De cette hostie, quelques gouttes de sang coulaient dans le calice. Laissant le calice et l'hostie suspendus dans l'air, l'Ange s'approcha des enfants et, se prosternant jusqu'à terre, répéta trois fois cette prière : « Très Sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, je Vous adore profondément et je Vous offre les très précieux Corps, Sang, Âme et Divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ, présent dans tous les tabernacles du monde, en réparation des outrages, sacrilèges et indifférences par lesquels Il est Lui-même offensé. Par les mérites infinis de son Cœur Sacré et du Cœur Immaculé de Marie, je vous demande la conversion des pauvres pécheurs. » Puis, se levant, l'Ange prit de nouveau dans ses mains le calice et l'hostie et donna l'hostie à Lucie et le Sang du calice à Jacinthe et François, restés agenouillés, en disant : « Prenez et buvez le Corps et le Sang de Jésus-Christ, horriblement outragé par les hommes ingrats. Réparez leurs crimes et consolez votre Dieu. » L'Ange se prosterna de nouveau jusqu'à terre, répétant de nouveau trois fois avec Lucie, Jacinthe et François la même prière à la Très Sainte Trinité. L'Ange de la Paix nous montre ainsi comment recevoir le Corps et le Sang de Jésus-Christ. De nos jours, malheureusement, la prière de réparation dictée par l'Ange est tout sauf obsolète. Quels sont donc les outrages que le Christ reçoit dans la sainte hostie et que nous devons réparer? En premier lieu, il y a les outrages contre le Sacrement même : les horribles profanations dont certains ex-satanistes convertis ont donné des témoignages et des descriptions qui glacent le sang ; outrageuses aussi sont les communions sacrilèges, reçues en l'absence de la grâce de Dieu voire sans professer la foi catholique (je me réfère à certaines pratiques de ce que l'on appelle « l'intercommunion »). En second lieu, constitue un outrage à Notre Seigneur tout ce qui contribue à empêcher la fructuosité du Sacrement, en particulier les erreurs semées dans l'esprit des fidèles et qui les portent à ne plus croire en l'Eucharistie. Les terribles profanations opérées dans les dénommées « messes noires » ne blessent pas directement Celui qui est outragé dans l'hostie car elles ne touchent que les espèces du pain et du vin. Bien entendu, Jésus souffre pour les âmes des profanateurs, pour lesquelles Il a versé ce Sang que ceux-ci méprisent si misérablement et cruellement. Mais Jésus souffre bien plus quand le don extraordinaire de Sa Présence eucharistique divine-humaine ne peut produire ses effets dans les âmes des croyants. On comprend alors que la plus insidieuse des attaques du diable consiste à essayer d'éteindre la foi en l'Eucharistie, semant des erreurs et favorisant une manière inadaptée de la recevoir - la guerre entre saint Michel et ses anges d'un côté et Lucifer, de l'autre, continue dans le cœur des fidèles : la cible de Satan est le Sacrifice de la Messe et la Présence réelle de Jésus dans l'hostie consacrée. Cette tentative de détournement emprunte deux voies : la première est la réduction du concept de « présence réelle ». Nonobstant les rappels récurrents du Magistère, de nombreux théologiens n'arrêtent pas de se moquer du terme de « transsubstantiation ». « Ceci est Mon Corps... Ceci est Mon Sang... » : ce simple « est » révèle tout l'amour du Christ, Son désir ardent de se tenir physiquement auprès de nous comme Il l'a fait avec la Sainte Vierge, saint Joseph, les apôtres, la foule affamée, les disciples d'Emmaüs... Les bons docteurs et le magistère de l'Église ont trouvé dans la parole « transsubstantiation » un bastion inexpugnable contre les hérésies et, en même temps, la parole la plus adéquate pour indiquer l'amour très réel - « substantiel », justement - présent dans les saintes espèces, indépendamment des dispositions des hommes et de leurs pensées. Le principe d'immanence, c'est-à-dire l'erreur philosophique qui considère que ce n'est plus à la pensée de s'adapter au réel mais au réel d'être encadré et défini par la pensée, a tenté de polluer également la doctrine eucharistique : la présence réelle objective - soit l'Amour sans condition - est relativisée en fonction de celui qui en comprend le sens (transfinalisation) ou de celui qui s'en nourrit (transsignification). Paul VI a dû intervenir par l'encyclique Mysterium fidei, précisément pour expliquer que ces concepts n'expriment pas de façon adéquate le mystère eucharistique. Non! L'Amour est présent dans le Saint Sacrement quand bien même il n'y aurait personne pour L'aimer en retour, personne pour Le comprendre, personne pour s'en nourrir, personne pour y penser. Il est là, comme un rocher qui surgit au milieu du désert : Il adore, Il rend grâces, Il demande pardon pour les hommes et invoque toutes les grâces qui leur sont nécessaires de façon absolument indépendante de leurs dispositions d'esprit; et tout cela pour que les hommes eux-mêmes finissent par croire et se rendre à Son Amour : « credidimus caritati » (1 Jn 4,16). Voyons maintenant comment la foi dans la présence réelle peut influencer la façon de recevoir la communion, et réciproquement. Recevoir la communion dans la main comporte indubitablement une grande dispersion des fragments. En revanche, l'attention aux moindres parcelles, le soin apporté à la purification des vases sacrés, le fait de ne pas toucher l'hostie avec les mains en sueur, deviennent des professions de foi en la présence réelle de Jésus, y compris dans les plus petites particules des espèces consacrées : si Jésus est la substance du pain eucharistique et si la dimension des fragments est seulement un accident du pain, alors peu importe qu'un morceau d'hostie soit grand ou petit! La substance est la même! C'est Lui! Au contraire, la négligence envers les fragments fait perdre de vue le dogme : petit à petit pourrait se répandre l'idée que « si le curé ne fait pas attention aux fragments, s'il administre la communion de façon à ce que les fragments puissent être dispersés, alors Jésus n'y est pas présent, ou alors, seulement jusqu'à un certain point »... La seconde voie sur laquelle se déploie l'offensive contre l'Eucharistie correspond à la tentative d'extirper le sens du sacré du cœur des fidèles. La Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, dès 1980, avec l'instruction Inaestimabile donum, dénonçait une perte grandissante du sens du sacré dans la liturgie qui, malheureusement, s'est poursuivie au cours des dernières décennies. Bien sûr, le Seigneur nous aime de différentes manières, à travers Sa providence : la vie naturelle, l'air que nous respirons, notre prochain, etc. Dieu nous donne tant de choses mais il y a un amour par lequel Dieu Se donne Lui-même, nous faisant prendre part à Sa nature divine : cet amour s'appelle la « grâce » et c'est un amour qui transcende tous les autres. Si nous interprétons mal l'expression « tout est grâce », si nous ne procédons pas aux distinctions opportunes, nous risquons de tomber dans le panthéisme et dans le naturalisme : parce que, si tout est grâce, rien n'est grâce. Si le premier plan de l'ordre naturel et de l'amour providentiel n'existe pas, alors le second, celui de l'ordre surnaturel et de la grâce, n'existe pas non plus. Et ce