La dimension première

Jules Renard a dit que plus de dix mots, c'est trop. Roger Minne, un fan, ne le contredira pas, qui ne fait que de la pointe sèche, au service d'un sens de l'observation métaphysique et terre-à-terre difficile à émuler.
Le poids des mots, il connaît. Aussi profondément que sa maîtresse favorite, la langue française, qu'il caresse et qu'il protège contre tous les intrus, "venus à la ville" comme il dit.
Dans La Dimension Première, il nous livre de grands secrets, et l'aperçu d'ombres toutes simples qu'il a distinguées sur cette planète. Il obéit à Renard et fait court, précis et percutant. Des jongleries de mots, des gags inimitables, des formules tragiques et sulfureuses, qui marquent et qui restent. Du type : "La loi de la pesanteur, cette imbécile", ou : "Au commencement était le Verbe. C'était déjà mal parti.
Est-il modeste, avec ça ? "J 'écris les évangiles, dit- il, mais comment le prouver ?" C'est vrai que Roger Minne parle d'or.