L'île Madame ?
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.----. Un nouveau livre sur la déportation des prêtres à Rochefort sous la Terreur
Historien spécialiste de la déportation des prêtres et religieux sur les pontons de Rochefort, Yves Blomme signe un nouveau livre sur ce drame de la Révolution française en puisant dans les récits des victimes et des témoins.
La déportation de plus de 800 prêtres à Rochefort à partir de 1794 se solda par la mort de plus de 500 d'entre eux. Le silence fut longtemps maintenu sur cet épisode tragique de la Révolution française, afin de ne pas compromettre la paix civile retrouvée après le Concordat. « Pour qu’il y ait eu des victimes, il fallait qu’il y ait eu des bourreaux ! » On interdit par conséquent au clergé de réveiller des « mauvais souvenirs ».
Il fallut attendre la fin du XIXe siècle pour lever l’amnésie officielle. En 1863, l’abbé Isidore Manseau, curé de Saint-Nazaire-sur-Charente (donc curé de l’île Madame car Port-des-Barques à l’époque n’existait même pas en tant que commune), interrogea un paysan en prière dans la lande de l’île Madame : « Eh quoi ? Monsieur, vous ne savez pas que c’est ici que sont enterrés les saints ? »
L’abbé Manseau lança alors les premières recherches historiques et publia en 1886 deux gros volumes sur Les prêtres et religieux déportés sur les côtes et dans les îles de la Charente-Inférieure (tome I, Sous la Terreur ; tome II, Sous le Directoire ; réédition Pays et Terroirs, Cholet, 2002). Ce réveil de la mémoire devait ouvrir un procès en béatification, mais il faudra attendre de longues années, bien après les Carmélites de Compiègne et celles d’Orange (1925), les Martyrs des Carmes et ceux de Laval (1955), ou encore Noël Pinot et les victimes des fusillades d’Avrillé (1984), pour que les Martyrs de l’île Madame soient enfin béatifiés par le pape Jean-Paul II, le 1er octobre 1995.
25 récits laissés par les témoins de la déportation
Yves Blomme leur consacra un ouvrage en 1994 : Les prêtres déportés sur les pontons de Rochefort (Éditions Bordessoules). Il revient aujourd’hui avec un nouveau livre, La déportation des prêtres à Rochefort sous la Terreur, dans lequel il a voulu donner plus largement la parole aux déportés eux-mêmes en s’appuyant sur 25 récits laissés par les témoins de la déportation : par vingt déportés eux-mêmes ; mais aussi par Philippe Seguin, officier de la frégate La Gloire ; Élie Thomas, négociant rochelais ; Rose Françoise Gilbert des Héris, une courageuse Charentaise qui porta secours aux déportés ; Maître Marillet, avocat de Saintes, dont le manuscrit est resté inédit ; et Jean-Baptiste René Laly, capitaine des Deux-Associés.
Si quelques-uns de ces récits sont très brefs, plusieurs sont au contraire de véritables opuscules, fourmillant de renseignements de toute sorte sur l'époque autant que sur les faits eux-mêmes. À leur lecture, nous cheminons pas à pas, jour après jour, au côté de ces hommes plongés dans l'horreur. Nous recueillons leurs réflexions, nous découvrons la délicatesse de leur conscience. Nous sommes parfois surpris par leurs préoccupations religieuses et la hiérarchie qu'ils y introduisent : une expérience spirituelle forte. [ Publié le 5 février 2018 sur le site vendéens et chouans ]