Le rôle du curé de Ciboure .
5/5 Lecture et Tradition .
.----. Reynald Secher a affirmé que le martyre de la Vendée fut l'objet d'un mémoricide. On peut en dire autant pour le Labourd où eut lieu la majorité de ces déportations. La mémoire en a été complètement effacée et il a fallu attendre le livre d'Alexandre de La Cerda pour remettre à l'honneur le travail du curé de Ciboure, l'abbé Pierre Haristoy.
Ce prêtre admirable naquit en 1833 à Ayherre dans le canton d'Hasparren. Ses parents agriculteurs et d'une ferme piété ont hébergé pendant la terreur un prêtre réfractaire du nom de Martin Londaits : il raconta à l'enfant ses aventures pour assurer son ministère clandestin et ce récit fut gravé dans sa mémoire.
Tout jeune il ressentit sa vocation et il fit ses études au séminaire de Laressore à proximité de Bayonne, comme le fit quelque temps plus tôt le futur cardinal Lavigerie. C'est là qu'il apprit le français qui n'était pas sa langue maternelle.
Il soutint une thèse en philosophie et une en théologie à Bordeaux où il poursuivit ses études, et P. Goni, son biographe, le décrit comme conservateur et antirépublicain.
Il fut d'abord en 1859 vicaire à Briscous, paroisse sise entre Bayonne et Hasparren, puis en 1861 à Hasparren même.
En novembre 1864 il fut nommé curé à Sauguis-Saint-Etienne dans la Soule, province la plus orientale du Pays Basque ; il dut y affronter la mauvaise influence d'un prêtre interdit dont il s'occupa avec persévérance jusqu'à le confesser in extremis.
Ensuite, en 1873, il fut nommé curé d'Irissarry en Basse-Navarre, où il fonda une école libre tenue par des religieuses : les Servantes de Marie ; il eut à lutter et combattre énergiquement pour maintenir son école libre, et son biographe qui raconte ses démêlés avec la municipalité et le conseil général semble s'étonner que jusqu'à la veille de son décès il ait frôlé une nomination en tant qu'officier d'académie sans jamais l'obtenir.
<BVR>
C'est à Irissarry que P. Haristoy publia les deux volumes des " Recherches historiques sur le Pays Baque ".
En 1887 il fut nommé curé de Ciboure, commune très catholique et très antirévolutionnaire où il fut très apprécié de la population. C'est aussi en 1887 qu'il perdit sa mère qui fut enterrée comme son père, à Ayherre.
Il participa, en 1892, à la création et à la rédaction de la revue des " Etudes Historiques et Religieusesu diocèse de Bayonne " avec son ami et collaborateur, l'abbé Victor-Pierre Dubarat (1).
En 1877 il avait publié un " Catéchisme de la Révolution ou la Révolution expliquée dans ses principes, son langage, ses œuvres et sa fin " et il a toujours été très sévère à l'égard des " voltairiens " et en général de la " gangrène républicaine " menaçant le Pays Basque.
Ses ennemis francs-maçons lui firent donc une bien mauvaise réputation et on peut comprendre qu'il n'obtint jamais les palmes académiques ; mais surtout pour empêcher la divulgation des crimes révolutionnaires il arriva fort opportunément un incendie dans la nuit du 21 novembre 1908 vers 3 h du matin qui a détrit dans la préfecture de Pau une bonne partie des archives déparyementales, et en particulier tous les papiers postérieurs à 1790 (2) soit le fonds révolutionnaire situé dans la salle dite incombustible (3).
Déjà en 1908 l'incendie était un moyen efficace de la politique républicaine.
Mais grâce aux patientes recherches de l'abbé Haristoy tout ne fut pas perdu et ses écrits demeurnt une source importante pour laonnaissance du Pays Basque sous la Terreur
[ Signé Paul-André Maur dans le numéro 98 - juin 2019 de " Lecture et Tradition ". Tous les numéros de notre revue sont présentés sur ce site et le plus souvent encore disponibles ]
(1) - Abbé V.P. Dubarat (1855-1939), curé de Saint-Martin de Pau, président de la " Société des sciences, lettres et arts de Pau et du Béarn " de 1912 à 1938.
(2) - Chronique : Annales du Midi, année 1909, page 129.
(3) - Texte publié en 2005.
Quel fut le prétexte à cette mesure de déportation
5/5 Lecture et Tradition .
.----. 47 Basques de la commune d'Itxassou engagés de force dans les armées révolutionnaires avaient déserté dans la nuit du 1er au 2 ventôse précédent (19-20 février 1794). Inutile de préciser que dans un pays comme la France qui n'avait jamais connu la conscription, les désertions furent nombreuses dans toutes les régions, surtout en cette période afin d'éviter de servir le pouvoir en place qui persécutait le clergé non jureur et avait guillotiné le Roi.
Les déportés furent emmenés loin de chez eux en plein hiver : dans les Landes, le Gers, le Lot-et-Garonne et jusqu'au Cantal. Imaginez des paysans agriculteurs et artisans qui pour la plupart ne parlaient que basque, démunis de tout et souvent mal accueillis en cette période terrible de la Terreur et de dénonciation de tous les suspects, où les vivres manquaient et où toutes les institutions charitables venaient d'être abolies par les révolutionnaires.
Le résultat fut une lamentable hécatombe et tout au long de cette route et de ce calvaire on sema des tombes de nouveau-nés, de femmes enceintes, de grabataires...
Si le curé de Ciboure, l'abbé Haristoy (1833-1901) n'avait pas fait ses recherches consignées dans son livre Le Martyre d'un peuple en explorant les registres des paroisses et les cimetières jalonnant cette déportation, la mémoire en aurait été complètement effacée.
Car un nouvel arrêté a organisé " l'internat des Basques " : les détenus ne pouvaient quitter le lieu de leur assignation et ils étaient astreints à des travaux publics à peine de 6 ans de fer pour les hommes et de 6 ans de prison pour les femmes.
Huit mois plus tard, le 9 vendémiaire an III (28 septembre 1794), les représentants du Peuple, Baudot et Garrot, mirent fin à l'internement des Basques et leur permirent de rentrer chez eux.
Mais chez eux tout était ruiné : maisons dévastées, pillées et brûlées, terres en friche, récoltes dérobées.
Ainsi à Itxassou on dénombrait 271 déportés et 211 émigrés. Il faudra plus d'un siècle pour réparer ces pertes.
Car sur les quelque 4000 déportés, 1600 étaient morts pendant l'exode ou en captivité.
Voici l'exemple de la commune d'Ondres (Landes) qui comptait 450 habitants en 1793 et où l'on a reçu une partie des déportés : on retrouve sur les registres d'état-civil la mention de 6 décès : 5 enfants et une femme originaires de Sare et d'Ascain. ( suite ... )
Crime ?
5/5 Lecture et Tradition.
.----. Ce crime si bien caché est tellement enfoui dans les rares archives qui subsistent que la plupart des nouvelles générations de Basques des Pyrénées-Atlantiques ignorent ce terrible passé qui n'est pas à la gloire de la Révolution dite française car c'est en France qu'elle a commencé ses massacres à grande échelle, massacres qui ont ensuite servi d'exemples à tous les criminels qui ont sévi dans le monde depuis Lénine, Staline et Hitler jusqu'à Pol Pot et Mao Tsé-Toung.
Il faut donner des noms et désigner les auteurs de ce qui fut appelé pudiquement " l'internat des Basques " des communes du Labourd : ce sont deux conventionnels et régicides, " représentants du Peuple en mission ", Jacques Pinet (1754-1844) et Jean-Baptiste Cavaignac (1762-1829) (le père du général Louis Eugène Cavaignac).
A la demande et sur dénonciation du prêtre défroqué (ancien oratorien) conventionnel et régicide Claude-Alexandre Ysabeau (1754-1831) on a stigmatisé le " modérantisme " des républicains de Bayonne. C'est pourquoi Pinet par arrêté du 27 janvier 1794 a créé un " comité de surveillance " dans les communes de Bayonne, Urt, Biarritz, Saint-Jean-de-Luz et Saint-Esprit.
L'arrêté du 4 ventose an II (22 février 1794) est signé des " représentants du Peuple " Pinet et Cavaignac qui déclare infâmes les communes de Sare, Itxassou et Ascain et qui ordonne l'éloignement de toute la population à plus de 20 lieues.
Ce fut immédiatement exécuté : on entassa les 2400 habitants de Sare dans leur église d'où ils furent conduits dans des conditions épouvantables à Saint-Jean-de-Luz (rebaptisé Chauvin-Dragon) et à Ciboure avec 150 charrettes pour transporter les femmes et les enfants, les vieillards et les infirmes ; ils furent soumis aux pires vexations sur la route : quolibets, injures et lapidations de la part des membres des " Sociétés révolutionnaires ". ( suite ... )