"On m'a signalé qu'au cours du seul mois de mai 1944, vos organisations de renseignements ont expédié de France par la radio clandestine 700 rapports télégraphiques, chaque émission constituant un risque mortel pour l'opérateur, et qu'au cours de la même, 3 000 rapports documentaires sont arrivés à Londres, venant également de France."
"Le rôle qui consiste à recueillir des informations n'est pas spectaculaire, surtout si l'on considère l'attrait plus évident que présente la possibilité de rejoindre les groupes de la résistance armée. Or, par milliers, des hommes et des femmes sont, avec un grand courage, restés calmement à leur poste, accomplissant une tâche essentielle malgré une menace permanente. C'est pourquoi je désire vous féliciter du travail qu'ils ont accompli, sans oublier ces Français qui, partant de Londres, retournèrent en France pour les seconder, non pas seulement une fois, mais souvent deux ou plusieurs fois. Je ne peux achever cette lettre sans rendre hommage à ceux de vos agents qui sacrifièrent leur vie ou subirent des tortures indicibles du fait de leur activité dans le domaine du renseignement." Extrait de la lettre adressée au colonel Passy, créateur et chef du "Bureau central de renseignement et d'action" de la France Libre, par le général Bedell Smith.
Gilbert Renault, dit "Rémy", fut l'un des premiers Compagnons de la France Libre puisqu'il partit pour Londres le jour même où le général de Gaulle lançait son immortel appel du 18 juin 40. Il rentra en France dès le mois de septembre 40 et fonda l'un des premiers réseaux de renseignements auquel il donna le nom de Confrérie Notre-Dame. Ce réseau, qui allait devenir le plus important de la France Libre, devait fournir de nombreux et précieux renseignements aux forces alliées et payer d'un lourd tribut la lutte inégale qu'il mena contre l'envahisseur.
Rémy, sa femme et ses enfants, échappèrent par miracle à la Gestapo. Ce miracle, Rémy le dut en grande partie au silence héroïque de ses compagnons et de sa famille. La mère de Rémy, ses sœurs et son frère Philippe connurent les souffrances de la prison et de la déportation. Son frère Philippe y trouva la mort ; son jeune frère Claude fut de ceux qui participèrent au siège de Bir Hakeim, sous les ordres du général Koenig. Quand à Harold, le beau-frère de Rémy, il tomba les armes à la main à la bataille de Vassieux, dans le maquis du Vercors.
Rémy fut l'auteur d'une centaine de livres qui témoignent de l'histoire de son temps et, en particulier, de l'histoire de la Résistance. Sa plume fut toujours au service de la justice, des droits et de la dignité de l'homme.