O crux Ave : Croix je vous salue
Cette salutation se dégage de chaque page de ce livre consacré à la Croix et aux croix rurales des Hautes-Vosges méridionales.
Au IVè siècle à Jérusalem, il était d'usage de vénérer le bois de la vraie Croix, le Vendredi-Saint, en chantant, en grec, les Impropères - tendres reproches adressés par le Christ à son peuple - : "O mon peuple, que t'ai-je fait ? En quoi t'ai-je contristé ? Réponds-moi ?"
Ce rite est repris par la liturgie catholique de l'adoration de la Croix le Vendredi-Saint. Le prêtre découvre la Croix qu'il montre aux fidèles en chantant : "Voici le bois de la Croix sur lequel le salut du monde a été suspendu."
Emblême des chrétiens, la croix est signe de rachat, de triomphe de la vie sur la mort. Elle trouve place sur les autels, dans les cimetières, dans les maisons, le long des chemins.
Ces croix de chemin ou de carrefour sont étudiées - et spécialement quelques-unes d'entre elles - afin de connaître leurs origines, leur architecture. La foi du peuple est grande à ces époques ; elle a su produire des oeuvres qui forcent notre admiration par leur harmonie et par l'émotion qui s'en dégage. L'art alors n'était pas un jeu : il enseignait à l'homme son devoir. Les monuments traduisent la pensée des artistes qui est celle de l'Eglise.
Autrefois, les croix rurales faisaient partie de la vie quotidienne des populations, qui se signaient en passant devant elles.
A présent, éloignées des villes, des bourgs, des grandes routes, il faut les chercher, les découvrir, les regarder, afin d'être capables de les comprendre et de les sentir, de capter leur message.
Associées au paysage, les croix - rustiques ou élégantes - continueront à lui donner une âme, à condition que les hommes, dépositaires de ce patrimoine religieux et artistique, veuillent le conserver.