« Dans le même esprit et sur le même modèle [que le livre du même auteur sur la Croisière Noire], nous recommandons le précédent livre d'Ariane Audouin-Dubreuil, La Croisière Jaune. Sur la route de la soie (paru en 2013, aux Editions Glénat également). Ce deuxième voyage fut une épopée encore plus extraordinaire que l'africaine : elle a duré un an (4 avril 1931-4 avril 1932) au départ de Beyrouth (au Liban) pour rallier Pékin et Saïgon, dans des conditions que le vocabulaire contemporain qualifie de "dantesques" : traversée de l'Himalaya, franchissement de cols à plus de 4000 mètres d'altitude, parfois avec une couche de neige de 3 à 4 mètres d'épaisseur, par des températures polaires (-30°), les voitures tractées avec des filins et des câbles, en avançant centimètre par centimètre sur des chemins muletiers à flanc de ravins ; il a même fallu démonter les véhicules, pièce par pièce, pour les acheminer à dos d'hommes (par charges de 30 kg) pour franchir un passage périlleux. Une partie de l'équipe a dû se résoudre à abandonner ses véhicules et poursuivre sa route à cheval pour couvrir 1400 km (dont 1000 dans les montagnes les plus élevées du monde !) qui furent parcourus en trois mois et demi. Dans le désert de Gobi, le froid était tellement intense que les mécaniciens laissaient tourner les moteurs 24 heures sur 24. En sus de ces contraintes purement physiques, climatiques ou géographiques, il a fallu affronter l'insécurité de certaines contrées traversées et les tracasseries administratives imposées par des petits chefs locaux. « Tout ceci est raconté dans l'ouvrage, soutenu par une illustration sans équivalent qui donne la mesure du courage et de l'abnégation des hommes qui ont supporté pendant un an de telles conditions de vie, parfois même de survie qui relèvent de l'héroïcité. C'était quand même autre chose que les "aventurettes" du raid "Paris-Dakar" (qui depuis quelques années se déroule en Amérique latine ! Et n'est désormais plus appelé que "le Dakar", selon l'affreuse terminologie contemporaine) qui dure à peu près trois semaines, avec, pour ces messieurs, bivouacs aménagés, restauration préparée et assistance mécanique et sanitaire de tous les instants... « P.S. : Louis Audouin-Dubreuil était originaire de Saint-Jean-d'Angély (en Charente-Maritime) où a été aménagé un musée dans lequel on peut voir une exposition permanente d'une collection de souvenirs de la Croisière Noire. Pour les jours et heures d'ouverture, se renseigner auprès du Musée des Cordeliers, 9 rue Regnaud, 17400 Saint-Jean-d'Angély, tel : 05 46 25 09 72, www.angely.net/lemusee.html « Une dernière courte note : au retour de la Croisière Jaune, Louis Audouin-Dubreuil a reçu, en 1933, la Grande Médaille de la Société de Géographie qui est la plus haute récompense décernée à un explorateur. Il devint ainsi l'égal des Livingstone, Stanley, Brazza ou Amundsen, ce qui n'est tout de même pas rien ! » Jérôme Seguin, dans Lectures Françaises n° 696 (avril 2015)