Considérée par les catholiques comme une Mère de l'Église pour avoir écrit La Bible d'une grand-mère et enfanté un saint, Mgr de Ségur ; regardée par la postérité comme une émule de Balzac pour avoir écrit une véritable "Comédie humaine" du monde enfantin ; étudiée par les psychanalystes ; admirée par les sociologues lorsqu'ils se sont aperçus que cette même oeuvre est un tableau très précis de la France au temps du Second Empire ; enfin, prise au sérieux par les critiques littéraires d'aujourd'hui qui la mettent désormais au rang des grands écrivains du XIXè siècle, la comtesse de Ségur, créateur de types immortels comme le général Dourakine, est un auteur dont le succès ne s'est jamais démenti et dont les livres, traduits dans toutes les langues, se sont vendus à plusieurs millions d'exemplaires. L'oeuvre de Sophie Rostopchine, comtesse de Ségur, est inséparable de son enfance et de son milieu familial dont Diesbach fait une peinture piquante. Née à Saint-Pétersbourg
en juillet 1799, fille de l'impétueux, original et sarcastique comte Rostopchine, qui incendia Moscou pour soustraire la ville à Napoléon, mariée au neveu du général de Ségur, aide de camp de Napoléon pendant la campagne de Russie et historien de cette campagne, la comtesse de Ségur, héritière de deux mondes, a pressenti - notamment avec La Fortune de Gaspard - les grandes mutations économiques et sociales de son siècle, tout en restant fidèle à l'idéal aristocratique enseigné par son père et transposé à l'usage des Français. Comme pour Mme de Staël, la gloire fut la compensation d'une vie d'épreuves et d'aléas dont l'auteur retrace les principales étapes avec, alliés à la sûreté documentaire, l'élégance de style, le brio et la finesse d'analyse dont il a toujours fait preuve, particulièrement quand les sujets lui conviennent aussi bien que la comtesse de Ségur.
Ghislain de Diesbach, reconnu comme un des meilleurs biographes actuels, est l'auteur de L'Histoire de l'émigration, Mme de Staël, La Princesse Bibesco, La Double Vie de la duchesse Colonna, Un esthète aux Enfers : Philippe Jullian, d'un Proust qui a obtenu le Grand Prix de la biographie de l'Académie française, d'un remarquable Chateaubriand et, en dernier lieu, d'un Ferdinand de Lesseps (Prix des Ambassadeurs).