Chacun de ses petits-enfants a inspiré l'œuvre littéraire de la comtesse de Ségur, devenue une véritable comédie humaine du monde enfantin.
Étudiée par les psychanalystes qui la comparent à Sade à cause de la fréquence des châtiments corporels qu'elle met en scène, admirée par les historiens qui y voient un tableau fidèle des réalités et des mentalités de la France du Second Empire, l'œuvre de la comtesse de Ségur, phare de la Bibliothèque rose, est avant tout un monument de la littérature pour la jeunesse qui a enchanté des générations entières. Qui ne se souvient de Sophie marchant dans la chaux vive, offrant à ses cousins un thé fait de craie et de l'eau du chien, ou bien encore découpant en morceaux les poissons rouges de sa mère ?
Née à Saint-Pétersbourg en 1799, Sophie Rostopchine épouse en 1819 Eugène de Ségur, le neveu du général, dont elle aura huit enfants. Négligée par son mari, elle passe le plus clair de son temps dans sa propriété de Nouettes, dans l'Orne, qui lui servira de décor pour les récits qu'elle écrit dans la deuxième moitié du siècle pour ses petits-enfants et dont le succès est immédiat : Les Petites Filles modèles, Les Mémoires d'un âne, Les Malheurs de Sophie, Le Général Dourakine. Comme Mme de Staël, dont elle a le tempérament orageux et la facilité de plume, la gloire littéraire fut la seule compensation d'une vie faite d'épreuves et d'aléas que l'auteur, puisant aux meilleures sources, retrace avec élégance, brio et finesse d'analyse.
Ghislain de Diesbach est connu pour ses nombreuses biographies devenues des classiques, dont Madame de Staël, La Princesse Bibesco, Proust, Chateaubriand et L'Abbé Mugnier.