Un grand écrivain à redécouvrir
5/5 https://leslivresdantoine.com/
.----. Sévèrement puni par le capitaine de la frégate sur laquelle il sert, Anthony O’Connel déserte lorsque le vaisseau accoste dans un port de l’ouest de l’Angleterre. Âgé de quinze ans, il s’enfonce dans les terres à la recherche d’un travail. Ce n’est pas une mince affaire : Napoléon prépare l’invasion de l’Angleterre et la méfiance règne. C’est un bon garçon, bien élevé par sa grand-mère, faute de parents, victimes de la Terreur en France.
Dans sa pénible quête, une rencontre va bouleverser sa vie. La petite Stella, dix ans, l’aperçoit un soir et une conversation étrange s’engage dans une atmosphère de confiance, qui deviendra vite une profonde attirance. Elle aussi est orpheline. Elle fut sauvée de justesse à deux ans des bras de sa mère, morte dans l’incendie d’un bateau. Elle a l’impression confuse de cette tragédie et est, de ce fait, dotée d’une sensibilité et d’une joie de vivre toutes particulières.
Dans cette magnifique nature du Devon qu’Elizabeth Goudge a tant aimée, Stella irradie de sa joie et de sa bonté tous ceux qu’elle croise. Le populaire docteur Crane surveille de près cette enfant si fragile. Un prêtre français, au passé tragique, se lie aussi avec elle malgré son austérité car l’enthousiasme de Stella emporte tout sur son passage.
Malgré tout, sa plus grande affection est réservée à Anthony. Mais l’amiral Nelson a besoin d’hommes pour les futures grandes batailles et Anthony veut racheter sa faute.
Comme Marguerite, une des héroïnes du Pays du Dauphin Vert, Stella a le don d’aimer et d’être aimée. Elle devient, en tout simplicité, le pôle de tous les personnages du roman.
Racontée par un écrivain de petit talent, l’histoire pourrait sembler naïve, voire mièvre. Mais Elizabeth Goudge a elle aussi un don, celui d’être une grande romancière. Sa capacité à créer une atmosphère où le merveilleux côtoie l’amour de la nature, des hommes et du divin, est remarquable. Son œuvre fait parfois penser à celle d’André Dhôtel chez nous, la spiritualité en plus.
Un grand écrivain à redécouvrir. [ Nous vous conseillons particulièrement le site d'Antoine si vous cherchez un bon guide pour vos lectures ]
Un beau roman à déguster lentement !
5/5 Plaisir de Lire .
.----. N'avez-vous jamais cherché un beau roman à déguster lentement, chapitre par chapitre, au cours des vacances, d'une convalescence ou pendant de longues soirées d'hiver, quand le printemps parait si loin ? Elisabeth Goudge nous en offre un de cette sorte, et elle nous emmène ici dans un coin ravissant du Devon, entre mer et collines, plein de cottages coiffés de chaume, aux jardins débordants de fleurs, et de près où fraternisent mouettes et moutons . Il y a là une ferme extraordinaire avec une cuisine où ronfle toujours un grand feu dans la profonde cheminée, des chiens, des chats, de braves gens et une fillette étonnante . Un garçon très malheureux à bord d'une des frégates qui pourchassent Napoléon, s'y présente un soir, et c'est le début d'une longue histoire d'amour . Une histoire d'amour qui répond comme une sœur, (et le bon docteur le voit bien, et l'Abbé aussi), à celles que rapportent les légendes, les grimoires, à celles qu'ont vécues ces curieux aristocrates catholiques français mal remis des épouvantes de la Révolution et échoués là un peu comme des épaves .
Romanesque, romantique même car c'était l'époque, émaillé de descriptions campagnardes, et enrichi de méditations sur les grandes questions que chaque jeune se pose en devenant peu à peu adulte, ce roman est centré sur cette phrase de Saint Augustin citée page 309 : "Bienheureux celui qui t'aime . O Dieu, lui seul ne pourra jamais perdre aucun de ceux qui lui sont chers, car tous sont enveloppés de l'amour de Dieu, qui ne peut jamais se perdre". Le rêve a ici une large part, mais l'auteur sait parler de la religion, de la valeur de la souffrance, de l'amour du pays et de la famille il sait expliquer ce qu'est la juste guerre et la défense du patrimoine, il met surtout bien en valeur le sens de l'épreuve pour chacun, dans l'espérance et la charité .
POUR QUI CE LIVRE ? : il passionnera les jeunes filles surtout, à partir de 15 ans . [ " Culture et Lecture des Jeunes " , numéro XI, Noël 1969 ]