Tipasa, fin des années 1890. Issu d'une famille de la grande bourgeoisie, Michel Botteri découvre avec enthousiasme la terre algérienne, cette terre où son père, prestigieux général, vécut de longues années, et qu'il aima tant qu'il mourut d'avoir dû la quitter, rongé par l'ennui et la nostalgie. Lorsque Michel prend possession de la villa de son père à Tipasa, il s'émerveille de la beauté du pays, et n'a plus qu'une aspiration : y couler des jours heureux, dans la contemplation de la mer, des montagnes et des ruines antiques qui entourent sa propriété.
Un parfait écrin pour les charmes de Felicia, l'épouse de Michel, que tous appellent la Cina, et que le jeune homme aime passionnément. Mais la félicité n'est que de courte durée : pressé par son entourage, et notamment par sa mère, femme tyrannique et ambitieuse, voilà que Michel s'engage en politique, visant la députation d'Alger. Sur les conseils opportunistes de Claude, son meilleur ami, il se rapproche des antisémites, alors très puissants dans cette société algérienne troublée par les changements, et qui se cherche des boucs émissaires.
Ce jeune homme tranquille, poussé malgré lui dans l'arène politique, jeté au cœur des émeutes antijuives, va alors découvrir avec dégoût et effroi la sauvagerie et la lâcheté du parti antisémite, ainsi que la bassesse des manœuvres démagogiques, la soif de haine des foules et la cynique rouerie des puissants.
Louis Bertrand (1866-1941), académicien et professeur agrégé nommé à Alger entre 1891 et 1900, offrait en 1900 un éclairage précieux avec ce roman qui dépeint en détail la société coloniale algérienne de son époque, ses dirigeants, ses couches populaires, et les vives tensions qui agitaient ses nombreuses communautés.