Inauguration de la cathédrale de Karagnda
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.----. Un de nos lecteurs s'est rendu ce 9 septembre à l'inauguration de la cathédrale Notre-Dame de Fatima-Mère de toutes les nations à Karaganda, au Kazakhstan. Un évènement unique qu'il a bien voulu nous relater.
Il semble qu'ils ne soient pas nombreux les catholiques français qui ont été informés de l'évènement majeur qui s'est déroulé le dimanche 9 septembre en Asie centrale, plus précisément au Kazakhstan dans la ville de Karaganda. Il faut savoir que la nouvelle République kazakhe est un pays de 15 millions d'habitants à majorité musulmane, dont le président Nazarbaïeï est lui-même musulman sunnite.
Et voilà donc que dans cette terre d'islam une cathédrale vient d'être consacrée sous le vocable de Notre-Dame de Fatima-Mère de toutes les nations par le cardinal Angelo Sodano en personne, délégué officiel de Benoît XVI, en présence des représentants locaux des autres religions.
Comment en est-on arrivé là ? Pas si simple à raconter surtout quand il faut être bref. Tout a commencé en 1975 en Autriche lorsqu’une brave mère de famille du nom d’Agnès Ritter, hôtelière de son état, a reçu de la Très Sainte Vierge la mission de lui construire une église en Asie centrale, à 6 000 km de chez elle, là où tant de persécutions ont été perpétrées à l’époque communiste. Cette église serait « l’église de toutes les nations », à un carrefour des religions, des cultures et où des dizaines de nationalités vivent côte à côte. Originellement Marie avait choisi un endroit plutôt idyllique dans la minuscule république d’Altaï aux confins de la Mongolie, de la Chine et du Kazakhstan. En fait la mission d’Agnès ne débuta qu’en 1995 après bien des hésitations et des tergiversations. Le Ciel patientait, attendant le « oui » de la voyante. Les premiers coups de pioche furent donnés en 2001 après l’obtention du permis de construire par les autorités civiles locales. Mais un coup d’arrêt devait hélas être donné en 2002 par le refus catégorique de l’évêque du lieu de donner sa bénédiction à cette entreprise qu’il jugeait hasardeuse, voire « dangereuse » pour les relations avec les orthodoxes !
Il fallait donc renoncer à l’Altaï. Plus de deux années s’écoulèrent dans la désolation. Le Ciel continuait de patienter, Agnès passait par une rude épreuve, se demandant si cette mission était bien faite pour elle. Elle aurait tant voulu en être déchargée. Mais la Sainte Vierge avait son plan B ! Elle s’arrangea pour mettre en relation Agnès et l’archevêque de Karaganda, Mgr Jan Pawel Lenga, à quelque 1500 km à l’ouest du lac Teleskoïe en Altaï. Cet évêque cherchait depuis des années des fonds pour construire une cathédrale en l’honneur de Notre-Dame de Fatima. Et voilà que le Ciel met sur sa route cette pauvre Agnès, qui en fait n’était pas si pauvre. Car elle était riche de son association et surtout de tous les fidèles et généreux donateurs qui s’étaient enthousiasmés pour sa mission tant en Autriche qu’en Allemagne, en Suisse, en Italie et… en France. Elle s’engageait donc à fournir le financement dans la mesure des dons qui arriveraient à l’association. Aussitôt on se mit au travail, c’était début septembre 2004. Le terrain avait été acheté précédemment par le futur Mgr Athanasius Schneider, qui était alors le bras droit de l’archevêque, les plans avaient été réalisés par un bon architecte (Russe orthodoxe au demeurant) selon les canons du style gothique. La pierre de parement fut importée du Daghestan, de l’autre côté de la mer Caspienne, dans le Caucase, et ce sont des maçons musulmans de ce même Daghestan qui réalisèrent ce qu’il est convenu d’appeler le gros œuvre.
Peu de temps après, en octobre 2005, Agnès fut terrassée par un AVC qui lui ôta tout son dynamisme et en fit une invalide. En plus ce Jeudi saint elle s’est cassé le col du fémur, ce qui la condamne à ne même plus pouvoir marcher. L’association a donc pris le relais et veillé, en étroite collaboration avec les évêques Lenga et Schneider, à ce que le chantier se déroule dans les meilleures conditions possibles. Les artisans, quasiment tous autrichiens, qui ont participé à cette construction, ont donné le meilleur d’eux-mêmes. Sans oublier une fantastique équipe d’artisans-artistes du Tyrol italien qui ont conçu et réalisé tous les travaux de sculpture : autels, statues des apôtres. Le marbre des sols et de l’escalier monumental a été taillé en Chine. Ce sont donc des bouddhistes et/ou des communistes qui ont également participé indirectement à la construction. Humour du Ciel ! La statue de Notre-Dame de Fatima à droite du chœur a été offerte par une Française de Bretagne.
Les travaux ont été achevés juste à temps pour l’inauguration sous la protection de saint Joseph qui a veillé en permanence sur l’œuvre dédiée à sa chère épouse. C’est une merveille de cathédrale où l’on se sent particulièrement bien, où tout est d’une harmonie parfaite. L’orgue, d’un facteur autrichien, est fait sur mesure, l’acoustique est remarquable. Nous avons eu droit en soirée à un concert inoubliable en présence d’une foule émue.
La consécration lors de la messe du dimanche 9 septembre fut un grand moment. Le recueillement et la piété des fidèles de cette communauté kazakhe sont exemplaires. Une petite dizaine d’évêques et une bonne cinquantaine de prêtres ont concélébré avec le cardinal Sodano et le nouvel évêque du lieu, Mgr Janusz Kaleta. Et bien sûr la communion fut donnée sur la langue aux fidèles agenouillés au banc de communion dans la plus grande dignité.
La Sainte Vierge avait dit à la voyante : « Construisez-moi cette église et je convertirai la Russie ». Faisons-lui confiance… Agnès est maintenant soulagée et même rayonnante de voir sa mission achevée au terme de tant de tribulations.
[ Signé : André Charton, responsable pour la France de la collecte des dons. Rédigé par La rédaction le 20 septembre 2012 ]