Pendant tout le Moyen Âge la nécessaire cohérence entre vérités de Foi et ventes naturelles demeurèrent une évidence commune. Mais avec la Renaissance, la confrontation des savoirs débouche sur le conflit entre deux autorités dont l'affaire Galilée est le prototype.
Galilée tenta une conciliation entre la thèse copernicienne et la Bible, en reformulant les règles de l'exégèse. Il posait en principe que le sens littéral de l'Écriture restait destiné au vulgaire, que la certitude de ses démonstrations rendait la science indépendante de la théologie, que l'Écriture n'était pas contraignant e à l'égard des énoncés de la science et que la charge de la preuve, contre Copernic, revenait au théologiens.
Au cours des deux siècles suivants, la philosophie puis l'anthropologie et la paléontologie imposèrent une explication de l'univers et de l'homme totalement indépendantes de la Révélation. "Le plus vieux des livres" devenait un vestige daté qui perdait son universalité, auquel Darwin finira par "ne pas attribuer plus de foi qu'aux livres sacrés des Hindous".
Du même coup, toute contradiction entre les récits de la Bible et les données de la science, fut interprétée par les scientistes comme une preuve que la Bible se trompait, qu'elle n'était donc qu'un livre comme les autres, les miracles rapportés par les évangélistes ne témoignant que de la crédulité des peuples orientaux. De là un vaste travail de critique textuelle qui semble déboucher, vers la fin du XIXe siècle, sur une négation pratique de l'inspiration divine de l'Écriture.
C'est dans ce contexte que le E Lagrange s'est proposé de défendre les droits de la Révélation par les armes de la raison. Acceptant la méthode critique, mais pour en jauger les résultats, réclamant pour l'exégèse l'autonomie que la 'physique s'était depuis longtemps acquise, il tenta de concilier en lui-même la démarche du théologien et celle du savant. À ce titre, trois cents ans plus tard, il clôt le cycle ouvert par Galilée, rencontrant les mêmes vicissitudes, pour obtenir - mais à la fin - l'assentiment des théologiens comme la reconnaissance de ses pairs.
Dans cet ouvrage, Dominique Tassot retrace les grandes étapes de cette dialectique de la science et de la Révélation, en signalant au passage les questions philosophiques qui
en découlent: nature de la démarche scientifique et validité de ses "preuves", raisonnements, extrapolations.
Au terme de cette passionnante enquête intellectuelle, il apparaît que la vision scientifique du monde n'est pas elle-même une science, mais une construction élaborée à partir des théories scientifiques. Supposition fondée sur des suppositions, que lui réserve l'épreuve du temps ?