En vérité, la répression de l’hérésie répond assez peu aux idées modernes ; beaucoup, qui d’ailleurs se disent amis de l’Église, ont de la peine à comprendre une telle magistrature, en une matière qui leur paraît toucher à la conscience elle-même. Ils aiment mieux ne pas en parler ; cette disposition d’esprit tient à la défaveur du public pour tout ce qui entrave ou semble entraver la pensée individuelle. On s’est donné la liberté de tout imaginer, de tout dire, de tout écrire.
On y voit un droit naturel ; on confond l’opinion et la foi ; on fait de la religion un simple fait, ou même un fait vulgaire de la conscience privée ; on livre à l’examen le plus indépendant, sans règle ni principe, l’enseignement divin. Dans cet état d’esprit, on comprend difficilement la répression de l’hérésie. Ceux-là même qui voient dans l’Église une société parfaite et complète, ayant pour fondement la foi et pour obligation la conservation de cette foi par les voies dont toute société dispose, ceux-là même trouvent imprudent et inopportun de rappeler des principes qui semblent ne pouvoir se réclamer que d’une intolérance funeste. Ils s’étonneront, à n’en pas douter, que j’aie choisi un tel sujet d’étude : l’Inquisition.