L'Occident est-il encore seulement capable de déchiffrer ce que la Russie a à lui dire ? Alors que la course en avant de l'hypermodernité achève de désorienter une Europe meurtrie et de la couper de ses racines séculaires, le pays des tsars, quant à lui, incarne plus que jamais un horizon permanent, un nord impérieux. Quelle voie pour l'Europe ? Anna Gichkina, depuis sa double culture, détaille pour nous les ressorts d'un éloignement et explore les particularités des deux filles de l'Eglise que sont la Russie et l'Europe occidentale.
Comment naviguer sereinement vers l'avenir sans perdre de vue notre port d'attache ? La patrie de Tolstoï, entée sur l'Evangile, a su conserver ce qu'un Occident amputé de lui-même, par souci d'universalisme, s'est consacré à déconstruire , donc à annihiler. Selon l'auteur, la Russie nous révèle nos maux à travers son mystère, pour peu que l'on prenne la peine de tourner notre regard vers lui. La première partie de l'essai montre qu'en Occident, le Temps a pris le pas sur l'Eternité.
Abandon de l'héritage chrétien, religion des droits de l'homme : notre civilisation s'abîme dans la perpétuité d'une chute où l'homme lui-même se trouve sacrifié sur l'autel de l'eugénisme. La deuxième partie propose, en miroir, de scruter l'âme russe comme manifestation de l'éternité supérieure au temps. Le mystère ne se comprend pas : il se contemple à travers le chaos historique, la force de l'orthodoxie, la profondeur de la littérature.
Russe bilingue, Anna Gichkina est aujourd'hui docteur ès lettres diplômée de l'Université Paris-Sorbonne, auteur de nombreux articles sur la crise européenne actuelle et sur des sujets russes, auteur de l'ouvrage Eugène-Melchior de Vogüé ou comment la Russie pourrait sauver la France (L'Harmattan, 2018), Président du cercle de réflexion franco-russe à Strasbourg "Cercle du Bon Sens", membre du comité de lecture dans la revue universitaire française "Academos".