Vivre sous d'autres cieux
5/5 L'Algérianiste
.----. Ce n'est pas, ici, une autobiographie d'auteur, c'est le récit de vie d'un de ceux qu'on a
appelé les colons d'Algérie (gros de préférence, avec 8 ha au départ), un homme de la
terre, un pionnier, appelé Bled le bien-nommé. Cette vie dans la campagne profonde va
être marquée totalement au contact d'une population d'autochtone,, des environs de
Mascara. Sous la plume poétique d'Alain Jund, se déroule, en effet, la vie de Paul
Barthez surnommé Bled, issu d'une famille protestante de la vallée du Tarn, venue avec
d'autres, coloniser le village de Dombasle au début du XXe siècle. Ces parpaillots
endurcis par le respect d'une religion stricte et une rude vie de paysans souvent
persécutés, eurent envie, comme d'autres à l'époque, d'aller vivre sous d'autres cieux.
C'est ainsi que ces familles du Sud-Ouest arrivèrent à Oran. Un éclairage historique
préalable situe cet état barbaresque devenu Algérie par la France depuis 1839. Renseigné
par les écrits de Bled, Alain Jund nous apprend bien des détails de la vie de ces pionniers,
autant de souvenirs vivaces et de témoignages propres à étayer l'histoire. L'état des lieux
et des hommes ne laisse aucun doute sur les efforts qu'eurent à fournir les arrivants. Le
courage et la solidarité firent s'élever bientôt, mais avec combien de peines, des
constructions et des cultures jusqu'à une modernisation exemplaire grâce à l'essor de la
vigne.
L'enfance de Paul, né sur cette terre, laisse percevoir une osmose avec la
population locale, par la langue, la connaissance de la population indigène, ses habitudes
de vie, ses coutumes alimentaires et religieuses. Tous les gestes ont leur traduction en
arabe. Le colon connaît tout et les connaît tous, les plus pauvres, les plus aisés, leurs
gestes, leur habillement, leurs réactions. Confronté en permanence à ces mœurs
orientales, il subit l'empreinte profonde de la terre et de son environnement jusqu'à en
subir le mimétisme. Pour mieux entrer dans cet Orient méditerranéen, l'auteur glisse çà
et là, une histoire de Djeha, ce héros cher à Paul, naïf, sage et un peu fou. Il en tire des
commentaires pleins de bon sens. Pourtant, une réalité plus cruelle impose sa loi.
L'implication dans les guerres, la première surtout, mentionnée avec des détails peu
connus, puis viennent, après 1945, les signes alarmants d'une déstabilisation du pays par
des éléments étrangers, travail de sape qui aboutira au départ de ceux qui vécurent
pendant des décennies au plus près de la population.
Après 1962, Bled retrouvera le sol
français et finira ses jours dans le Sud-Ouest. Il laissera aux siens un exemple de courage
et des valeurs qui les marqueront. Tous ceux qui ont vécu dans la campagne algérienne
se reconnaîtront dans ce récit émouvant et très évocateur et réaliste, d'un passé présenté
avec originalité et talent. [ Signé : M.-J. G. dans L'Algérianiste, n° 164, décembre 2018 ]
Il a laissé la trace de son passage...
5/5 L’Echo de l’Oranie .
.----. L'homme, nommé Paul et prénommé Bled, prend la plume au crépuscule de sa vie. Ses
parents avaient traversé la mer pour créer un nouveau pays : l'Algérie.
Plus d'un siècle plus tard, la famille reviendra sur la terre d'origine en métropole. Et les
petits-enfants émigreront vers d'autres pays. L'homme sera transformé, changé,
confronté à des mœurs, à d'autres cultures, il sera d'Occident et d'Orient. Intégré et
bilingue, il aura réussi, comme ses frères et sœurs venant d'ailleurs, à se créer une place
sur cette terre. Il raconte sa vie, avec des mots qui touchent au cœur, avec des histoires
intemporelles de sagesse et d'humour. Venez faire un tour avec lui, partager ses
découvertes, songer ensemble, avec un brin de rêve. Comme d'autres, dont il est ici le
porte-drapeau, il aura montré beaucoup de courage, une volonté d'airain, un brin de
fantaisie, une vision pacifiée du monde, et aura transmis sa force à ses descendants.
Découvrez le lien mémoriel qui nous rattache invisiblement au respect des générations
passées. À son retour, il aura gardé l'empreinte de sa terre de naissance, laissé la trace de
son passage et le racontera comme le songe d'un conte initiatique qu'il nous fait partager
dès la première ligne. [ L’Echo de l’Oranie, n °379, novembre-décembre 2018 ]