"La deuxième Assemblée spéciale pour l'Europe du synode des évêques s'est tenue à Rome du 1er au 23 octobre 1999. Bien des événements se sont succédé depuis dans notre monde. Dans l'Église, le Jubilé a mobilisé l'attention et les énergies. Il aurait été pourtant extrêmement dommage que les échanges et les orientations du synode pour l'Europe passent par pertes et profits. On pourra s'en rendre compte en lisant l'Exhortation post-synodale qui vient d'être publiée [...].
L'Europe, la "vieille Europe", est en train de subir une transformation considérable. Elle se remet encore avec peine des blessures profondes qui l'ont déchirée, de l'ébranlement des valeurs provoqué par le nazisme et le communisme qui, l'un comme l'autre, prétendaient se situer au-delà non seulement du judéo-christianisme, mais de l'humanisme laïque lui-même. Elle est tentée par le consumérisme, confrontée à des potentialités nouvelles dans les divers secteurs de l'existence personnelle et sociale. Elle est entrée dans l'aventure de la mondialisation. Elle est en train de se donner une configuration absolument inédite, sur les plans économique, monétaire, juridique, politique, à travers une série d'institutions, de traités, cherchant comment réaliser son unité sans détruire la richesse de ses diversités. Malgré les reculs et les tergiversations, elle est engagée dans une évolution irréversible [...].
Une question demeure, fondamentale. En 1992, le président Delors la posait déjà : "Il faut donner une âme à l'Europe... Si, dans les dix ans qui viennent, nous n'avons pas réussi à donner une âme, une spiritualité, une signification à l'Europe, nous aurons perdu la partie..."." Lucien Daloz, archevêque de Besançon