Une bombe ?
5/5 https://www.bvoltaire.fr/
.----. « Éric Zemmour et moi nous ressemblons sur un point… »
C’est un entretien choc que publie, aujourd’hui, Boulevard Voltaire. Alors qu’Angela Merkel quitte le pouvoir en Allemagne et que la France se lance dans une campagne présidentielle décisive pour son avenir, Thilo Sarrazin éclaire de son expérience et de ses analyses l’un des enjeux majeur de l’avenir : la question de l’immigration. Il est l’auteur d’une dizaine d’ouvrages, essentiellement économiques, mais ce grand serviteur de l’État jette une bombe dans le paysage administratif allemand lorsqu’il publie, en 2010, L’Allemagne disparaît (littéralement L’Allemagne s’autodétruit).
Le livre s’est, à ce jour, vendu à plus de deux millions d’exemplaires, provoquant d’innombrables débats en Allemagne et ailleurs. L’impact de ce livre tient beaucoup à la personnalité de son auteur. Après une longue carrière au ministère des Finances fédéral, ce diplômé en économie de l’université de Bonn, docteur en droit et en science politique, est nommé secrétaire d’État au ministère des Finances de Rhénanie-Palatinat. De janvier 2002 à avril 2009, il est élu sénateur en charge des finances à Berlin. Adhérent au SPD (parti démocrate) dès le début des années 1970, il en est exclu en 2020. Aujourd’hui âgé de 76 ans, Thilo Sarrazin porte un regard acéré sur les enjeux des sociétés allemande et française confrontées à des vagues migratoires inédites dans leur Histoire.
Thilo Sarrazin, vous êtes l’ancien ministre des Finances du Land de Berlin, membre du directoire de la Bundesbank et social-démocrate. Vous avez publié, en juillet dernier, un nouvel essai intitule´ Wir schaffen das!, (« Nous y arriverons ! », par référence à la déclaration d’Angela Merkel, le 31 aout 2015, au sujet de l’ouverture des frontières allemandes aux migrants). Vous y dénoncez ce que vous appelez « un vœu pieux ». Qu’entendez-vous par là ?
Thilo Sarrazin. La phrase « Nous y arriverons ! » de Merkel était un appel politique qui n’avait pas de fondement objectif. Le peuple allemand a ainsi été tenu politiquement et matériellement responsable de cette décision d’ouvrir les frontières, décision que la chancelière a prise de manière unilatérale. Aujourd’hui, Angela Merkel se retire et les conséquences financières, démographiques et culturelles de sa décision pèseront sur les Allemands pendant de nombreuses décennies, voire des siècles : le taux de criminalité et de violence impliquant les immigrés depuis 2015 est trois fois plus élevé que celui du reste de la population allemande. Leur niveau d’éducation est peu élevé, voire inexistant. 80 % n’ont pas d’emploi et vivent des aides sociales qu’ils reçoivent. Le coût annuel de ces allocations s’élève a` 50 milliards d’euros. En outre, la population immigrée ne cesse de croître, en raison du regroupement familial et des taux de natalité élevés qu’elle génère.
Votre livre L’Allemagne disparaît, paru en 2010, s’est vendu à plus de 1,5 million d’exemplaires. Vous y tiriez la sonnette d’alarme face à une immigration massive, la montée de l’islam radical et une démographie en berne (1,54 enfant par femme en 2019, contre 1,87 en France). Cet ouvrage vous a, d’ailleurs, valu votre exclusion du SPD. Son succès montre que les Allemands ne sont pas indifférents à la question. Et pourtant, la question migratoire a été totalement absente des débats lors des dernières élections… Comment l’expliquez-vous ?
T. S. La raison de mon exclusion du SPD en 2020 est liée à la publication, en 2018, de mon livre Feindliche U¨bernahme, un ouvrage dans lequel je dressais une critique générale de l’islam : le SPD ne s’est pas donné la peine de me reprocher d’éventuels propos mensongers ou de quelconques déclarations offensantes. Il lui suffisait que le sujet du livre et sa ligne de pensée soient considére´s comme politiquement incorrects pour justifier mon éviction du parti. Pour ce qui est de la question migratoire, il faut constater que le taux de natalité, en Allemagne, est de plus en plus déterminé par le grand nombre d’enfants nés d’immigrants. Quant aux enfants nés en Allemagne, plus de 40 % d’entre eux sont issus de l’immigration.
Les médias (en particulier la télévision publique) et tous les partis politiques (à l’exception de l’AfD) ont complètement occulté les questions de politique migratoire tout au long de la campagne électorale des élections de septembre dernier. Ils ont préféré focaliser sur le changement climatique qui semble représenter, pour eux, la plus grande menace pour notre avenir. Mais comme la population allemande, si la tendance que je décris se poursuit, s’éteindra de toute façon dans les 100 prochaines années, le changement climatique, quelle que soit la façon dont on l’évalue, ne constitue plus aujourd’hui une menace pour l’avenir, du moins pour les Allemands.
A Cologne, une des plus grandes villes d’Allemagne, les autorités municipales ont décidé d’autoriser la diffusion de l’appel à la prière musulmane. Cette mesure vous a-t-elle étonné ?
T. S. Dans le dernier chapitre de L’Allemagne disparaît, j’ai esquissé la tournure que va prendre la situation lors des cent prochaines années : j’y ai décrit clairement l’adaptation opportuniste des politiques à cette situation que nous vivons actuellement. L’exemple de l’autorisation d’appel à la prière du vendredi à Cologne illustre cela parfaitement. A cet égard, la décision des autorités municipales de Cologne ne me surprend pas du tout. Cela correspond à l’image que je me fais de l’évolution des choses à venir à ce sujet. En France, je trouve que Michel Houellebecq envoie le même message dans son livre Soumission.
En France, on vous appelle parfois le « Zemmour allemand ». Le connaissez-vous ? Suivez-vous la campagne pour la présidentielle en France ?
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T. S. De tels parallèles sont toujours difficiles à établir. Éric Zemmour et moi nous ressemblons sur un point : nous avons tous deux la capacité d’appliquer les lois des mathématiques (par le biais des statistiques, par exemple) à des questions de vie pratique : si les Français, comme les Allemands, voient leur population diminuer en raison de leur faible taux de natalité et que les immigrés, essentiellement issus de la sphère culturelle islamique, continuent d’affluer et ont des taux de natalité nettement plus élevés, c’est parce que le « Grand Remplacement » a bel et bien commencé. En France, comme en Allemagne, il progresse à grands pas chaque année : objectivement, on ne peut que le constater à travers les statistiques des décès, des naissances et des nouvelles arrivées de migrants.
Ceux qui ne peuvent pas nier ces faits évidents, mais ne veulent pas non plus les admettre, ont souvent recours à l’insulte et à la diffamation à l’encontre de ceux qui mettent en garde contre les conséquences qui en résultent. C’est pourquoi on critique Zemmour en France et moi-même en Allemagne. Je suis avec grand intérêt la campagne de l’élection présidentielle en France. Les questions d’immigration et de préservation de la culture nationale y semblent être prises plus au sérieux qu’en Allemagne. Je consideère cela comme positif.
[ Propos recueillis par Gabrielle Cluzel et traduits par Nicolas Faure le 15 octobre 2021 ]
Un crime contre la pensée !
5/5 Délit d'Images .
.----. A lire ou relire! Le livre de Thilo Sarrazin paru en 2010 a été traduit en français en 2013 aux éditions du Toucan, sous le titre L’Allemagne disparaît. On ne saurait mieux faire que d’en recommander la lecture.
Ce livre a connu, en effet, un succès d’édition impressionnant en Allemagne qui a pourtant valu à son auteur – homme de gauche – la diabolisation, la démission, en septembre 2010, du directoire de la Bundesbank et la quasi-exclusion de son parti, le SPD.
Un crime contre la pensée
Cet essai jugé hérétique et promis au bûcher médiatique n’est pourtant ni un brûlot ni un pamphlet, mais un gros rapport (près de 500 pages dans l’édition française), très documenté, comportant force références (plus de 500 notes), tableaux et diagrammes. Cela explique d’ailleurs son succès outre-Rhin.
Quel crime contre la pensée Thilo Sarrazin a-t-il donc commis ?
Celui d’affirmer, preuves à l’appui, que l’effondrement de la démographie des Allemands de souche provoquait la transformation radicale du pays ; d’affirmer aussi qu’il préférait une Allemagne allemande plutôt qu’une Allemagne où les femmes sortiraient voilées et où la majorité de la population serait d’origine immigrée – et de préconiser enfin différentes mesures visant à inverser la situation.
La guerre contre l’intelligence
Le livre de T. Sarrazin ne traite pas uniquement de l’immigration turque, loin de là. Son ambition se révèle plus vaste.
Il se consacre en effet principalement à la question de la transmission du savoir, des valeurs et de la compétitivité industrielle de l’Allemagne.
Selon lui, les performances allemandes reposaient, dès le XIXe siècle, sur un enseignement professionnel et universitaire de très bon niveau qui garantissait l’existence d’une couche importante de compétences dans la population. A cette époque la moitié des publications scientifiques se faisaient d’ailleurs en allemand.
Aujourd’hui le niveau d’exigences scolaires et universitaires ne fait que baisser, à la différence de ce qui se produit en Inde ou en Chine, alors que la seule ressource de l’Allemagne réside dans sa matière grise. L’enseignement diminue notamment les exigences en matière de mathématiques et de maîtrise de la langue : or, il s’agit de deux disciplines essentielles pour l’acquisition ultérieure de compétences universitaires et scientifiques et pour l’accès au marché du travail, car le retard pris en ces domaines ne se rattrape quasiment jamais. Cela résulte en partie des difficultés de scolarisation d’enfants d’origine immigrée mais pas seulement : les utopies pédagogiques nées des années 1960 ont aussi leur part de responsabilité.
La société des assistés
T. Sarrazin met ensuite en lumière la progression numérique au sein de la société allemande d’un groupe social qui vit désormais des transferts sociaux et non plus de son travail. L’expansion de ce groupe résulte d’abord des personnes qui, faute de compétences suffisantes, n’arrivent pas à s’employer sur un marché où l’emploi non qualifié régresse constamment. Mais elle provient aussi des minima sociaux généreux qui dissuadent d’occuper un emploi. Ces transferts augmentent en outre en fonction du nombre d’enfants, à la différence des salaires.
La fin de l’immigration du travail
Ce groupe se renforce enfin du fait de l’immigration et du regroupement familial car les minima sociaux procurent de toute façon des revenus bien supérieurs à ce que les immigrants ne pourraient jamais obtenir en travaillant dans leurs pays d’origine.
Pour T. Sarrazin ces minima sociaux obtenus sans aucune contrepartie enferment ceux qui en bénéficient dans une situation de non-emploi et de non-performance : il est beaucoup plus intéressant de bénéficier de ces transferts qui, ajoutés à un peu de travail au noir voire à quelques trafics, vont procurer finalement une situation beaucoup plus favorable que celle d’une personne qui ferait l’effort de travailler en Allemagne pour un faible salaire.
Selon T. Sarrazin, qui compare sur ce plan les politiques sociales allemande et nord-américaine, c’est la raison principale du « chômage » et de la mauvaise intégration de certains immigrés en Allemagne.
L’intégration en échec
Son analyse n’est à vrai dire pas excessivement originale, s’agissant des effets pervers des minima sociaux, sinon qu’elle provient d’un homme de gauche. Par contre, elle devient hérétique quand elle contredit le discours compassionnel et victimaire stéréotypé de l’oligarchie vis-à-vis de l’immigration : car pour lui les immigrés ne viennent plus en Allemagne chercher du travail mais seulement des minima sociaux.
Il aggrave son cas en montrant en outre l’absence d’homogénéité dans l’intégration des immigrés puisqu’il affirme que globalement ceux de religion musulmane réussissent le moins : ils cumulent les moins bonnes performances scolaires, le plus gros taux de non-emploi, la plus forte proportion de comportements à risques – enfin, le plus gros taux de natalité.
Attention ! L’auteur ne se rendrait-il pas coupable d’islamophobie en affirmant cela ? Voilà qui est insupportable quand on se nomme Sarrazin…
La coupe est pleine
La coupe de l’hérésie est pleine quand T. Sarrazin reprend l’analyse de tous ces facteurs sous l’angle de la question démographique. Les Allemands de souche font de moins en moins d’enfants, à la différence de ceux qui vivent des transferts sociaux et des immigrés de religion musulmane, donc du groupe qui présente les moins bonnes performances scolaires. Par conséquent, le ratio actifs/inactifs va fatalement continuer de se dégrader, l’Allemagne va perdre en compétitivité et, dans un horizon temporel proche, les personnes d’origine allemande deviendront minoritaires par rapport à celles de religion musulmane dans leur propre pays. L’Allemagne finira ainsi par s’éteindre, comme dans l’un des scénarii qu’il évoque à la fin de son livre.
Un livre contre la résignation
On ne saurait, bien sûr, résumer en quelques lignes un tel ouvrage sans le trahir.
Mais on comprend pourquoi l’analyse de T. Sarrazin ne passe pas auprès d’une oligarchie qui, à Berlin, à Bruxelles comme à Paris, ne cesse d’appeler au « grand remplacement » des Européens. A fortiori quand l’auteur refuse la résignation et préconise de fermes mesures pour inverser la tendance qu’il croit déceler : révision des minima et des transferts sociaux, respect de l’obligation scolaire et abandon du « Multikulti » et surtout mesures visant à encourager la natalité des autochtones !
Quel crime contre la pensée, qui nous renvoie bien sûr « aux-heures-les-plus-sombres-de-l’histoire-allemande », hurlent les bien-pensants ! Mais cela ne l’a pas empêché d’avoir plus de 2 millions de lecteurs outre-Rhin. En Allemagne aussi le pays réel ne correspond donc plus au pays médiatiquement légal.
La lecture de L’Allemagne disparaît donne donc à réfléchir. Car au-delà des spécificités allemandes, son livre procure un sentiment désagréable de déjà vu.
Ne sommes-nous pas tous des Allemands que l’on veut aussi éteindre et remplacer ?
Michel Geoffroy- Polémia
Thilo Sarrazin, L’Allemagne disparaît, éditions du Toucan, mars 2013, 496 pages
Titre original : Deutschland schafft sich ab (DVA, Munich, 2010)
Traduction de l’allemand : Jean-Baptiste Offenburg
Voir aussi :
a/ « Assimilation/ La fin du modèle français » de Michèle Tribalat (une deuxième analyse)
b/ « Assimilation / La fin du modèle français » de Michèle Tribalat
c/ « Une révolution sous nos yeux – Comment l’islam va transformer la France et l’Europe » de Christopher Caldwell (1/2)
d/ 84 milliards : coût budgétaire de l’immigration selon le rapport Posokhow
e/ Tribalat, la démographe rebelle
f/ Immigration de masse : la grande catastrophe [ Publié le
13 janvier 2016 par " Délit d'Images " ]
"à l’encontre de l’orthodoxie dominante"
4/5 https://www.breizh-info.com/
.----. Après une longue carrière au ministère des Finances fédéral, Thilo Sarrazin, diplômé en économie de l’université de Bonn, docteur en droit et en science politique, est nommé secrétaire d’État au ministère des Finances de Rhénanie-Palatinat.
De janvier 2002 à avril 2009, il est élu sénateur en charge des finances à Berlin. Adhérent au SPD (parti socialiste allemand) dès le début des années 1970, il en est exclu en 2020.
Aujourd’hui âgé de 76 ans, Thilo Sarrazin porte un regard acéré sur les enjeux des sociétés allemande et française confrontées à des vagues migratoires inédites dans leur Histoire.
Voici un entretien écrit dans lequel il nous éclaire de son expérience et de ses analyses l’un des enjeux majeur de l’avenir : la question de l’immigration. Il est l’auteur d’une dizaine d’ouvrages, essentiellement économiques, mais ce grand serviteur de l’État jette une bombe dans le paysage administratif allemand lorsqu’il publie, en 2010, le livre « Deutschland schafft sich ab » (littéralement « l’Allemagne s’autodétruit »).
Le livre s’est, à ce jour, vendu à plus de deux millions d’exemplaires, provoquant d’innombrables débats en Allemagne et ailleurs. L’impact de ce livre tient beaucoup à la personnalité de son auteur .
Breizh-info.com : Monsieur Sarrazin, le livre « Deutschland schafft sich ab » (« l’Allemagne s’autodétruit ») a fait la une des journaux dès le début. Même la chancelière Angela Merkel a commenté le livre, déclarant qu’elle ne l’avait pas lu et qu’elle ne le ferait pas. Le porte-parole du gouvernement, Steffen Seibert, a qualifié le livre de » sans intérêt « . Pourquoi votre travail a-t-il suscité un tel rejet de la part des politiciens et des médias ?
Thilo Sarrazin : En tant que membre de l’establishment politique, j’avais commis le péché impardonnable, aux yeux de mon « groupe de pairs », d’aller à l’encontre de l’orthodoxie dominante, qui voulait que l’Islam appartienne à l’Allemagne et que toute immigration soit dans tous les cas bénéfique. Cependant, et parce que les faits sont exacts, la matraque du racisme a été ressortie. C’est ainsi que l’on évite de faire face aux faits. L’accusation absurde de racisme joue toujours un rôle central. Elle a visé à me délégitimer en tant que personne et auteur, à ôter la substance factuelle et la crédibilité de mes déclarations et à me présenter sous un aspect douteux sur le plan moral. Jusqu’à ce jour, je continue à lire dans les médias que j’ai affirmé dans « Deutschland schafft sich ab » que les musulmans sont génétiquement plus bêtes. Il s’agit d’un grossier mensonge, diffusé par ces médias et des opposants politiques dans un but diffamatoire. Je n’ai jamais prétendu une telle chose dans le livre, mais j’ai plutôt souligné à plusieurs reprises l’effet des facteurs culturels sur les compétences cognitives et les performances scolaires. Mes déclarations différenciées sur le caractère héréditaire de l’intelligence ont été examinées en détail et entièrement confirmées par deux chercheurs renommés dans le domaine de l’intelligence, Detlev Rost et Heiner Rindermann, dans un long article paru dans le FAZ quelques jours seulement après la parution du livre.
Breizh-info.com : Et pourtant, dans votre livre, vous montrez de grandes différences entre les différents groupes ethniques en termes d’éducation et même de criminalité.
Sarrazin : Il y a l’idéologie dominante selon laquelle lorsque les gens naissent, à travers l’éducation et la société, et qu’ils peuvent être façonnés comme on le souhaite, comparablement à une feuille de papier vierge. Ce n’est pas juste. Les caractéristiques génétiques, culturelles et religieuses des humains influencent leur comportement même après plusieurs générations. L’origine de l’homme, l’influence de ses caractéristiques héritées et sa socialisation culturelle et religieuse sont tout sauf indifférents à la nature et au développement de la société humaine. Et je ne le soutiens dans mon livre qu’avec des faits accessibles au public. Il ne s’agit pas de racisme. Le racisme commence là où des différences déterminées sont évaluées et attribuées à des groupes spécifiques selon l’origine ethnique. C’est une ligne de démarcation claire que j’ai toujours observée et soulignée avec une profonde conviction dans toutes mes publications écrites et déclarations publiques.
Breizh-info.com : Néanmoins, vous avez depuis été exclu du SPD…
Sarrazin : La raison de mon exclusion du SPD en 2020 est liée à la publication en 2018 de mon livre « Feindliche Übernahme », un ouvrage dans lequel je dressais une critique générale de l’islam : le SPD ne s’est pas donné la peine de me reprocher d’éventuels propos mensongers ou de quelconques déclarations offensantes. Il lui suffisait que le sujet du livre et sa ligne de pensée soient considérés comme politiquement incorrects pour justifier mon éviction du parti. Pour ce qui est de la question migratoires, il faut constater que le taux de natalité en Allemagne est de plus en plus déterminé par le grand nombre d’enfants nés d’immigrant-s. Quant aux enfants nés en Allemagne, plus de 40 % d’entre eux sont issus de l’immigration.
Les médias (en particulier la télévision publique) et tous les partis politiques (à l’exception de l’AfD) ont complètement occulté les questions de politique migratoire tout au long de la campagne électorale des élections de septembre dernier, et ont préféré focaliser sur le changement climatique, qui semble représenter pour eux la plus grande menace pour notre avenir. Mais comme la population allemande, si la tendance que je décris se poursuit, s’éteindra de toute façon dans les 100 prochaines années, le changement climatique, quelle que soit la façon dont on l’évalue, ne constitue plus aujourd’hui une menace pour l’avenir, du moins pour les Allemands. »
j’ai été membre du SPD pendant 47 ans. On verra si mon exclusion aidera le SPD à redevenir le parti du peuple qu’il aimerait tant être. Pour l’instant ça n’en a pas l’air. Lorsque mon livre « l’ Allemagne s’autodétruit » a été publié en août 2010, le SPD était encore à 30 %. Si mes avertissements et suggestions auvaient pu être pris au sérieux à l’époque, alors le SPD pourrait être dans une bien meilleure position aujourd’hui, et l’AfD n’aurait jamais dépassé les cinq pour cent.
Breizh-info.com : À Cologne, une des plus grandes villes d’Allemagne, les autorités municipales ont décidé d’autoriser la diffusion de l’appel à la prière musulmane. Cette mesure vous a-t-elle étonné ?
Sarrazin : Dans le dernier chapitre de « l’Allemagne s’autodétruit », j’ai esquissé la tournure que va prendre la situation lors des cent prochaines années : j’y ai décrit clairement l’adaptation opportuniste des politiques à cette situation que nous vivons actuellement. L’exemple de l’autorisation d’appel à la prière du vendredi à Cologne illustre cela parfaitement. À cet égard, la décision des autorités municipales de Cologne ne me surprend pas du tout. Cela correspond à l’image que je me fais de l’évolution des choses à venir à ce sujet. En France, je trouve que Michel Houellebecq envoie le même message dans son livre « Soumission ».
Breizh-info.com : On peut supposer que la 20 ème édition de votre livre relancera le débat sur l’immigration et l’islam.
Sarrazin : Il est certain que le débat sera à nouveau relancé, car le livre contredit une hypothèse de base centrale de la culture contemporaine. Selon cette théorie, la biologie, l’origine, les dons intellectuels, la culture, la religion et le genre ne doivent jouer aucun rôle pour l’individu et la société. Je pense au contraire que nous avons besoin d’équité et d’égalité des chances dans la société, et que nous ne pouvons pas nous contenter de ces deux éléments. Sur cette base, chacun doit pouvoir développer au mieux ses aptitudes et ses talents, et les utiliser comme il l’entend. La politique axée sur l’individu doit toujours considérer l’individu. Mais pour la régulation de la société dans son ensemble, par exemple pour la politique d’immigration, d’éducation ou de santé, il est très important de prendre en compte les différences liées aux groupes et d’orienter la politique publique en fonction de celles-ci avec prévoyance.
Breizh-info.com : En France, on vous appelle parfois le « Zemmour allemand ». Le connaissez-vous ?
Thilo Sarrazin : De tels parallèles sont toujours difficiles à établir. Eric Zemmour et moi nous ressemblons sur un point : nous avons tous deux la capacité d’appliquer les lois des mathématiques, (par le biais des statistiques, par exemple), à des questions de vie pratique : si les Français, comme les Allemands, voient leur population diminuer en raison de leur faible taux de natalité, et que les immigrés, essentiellement issus de la sphère culturelle islamique, continuent d’affluer et ont des taux de natalité nettement plus élevés, c’est parce que le « grand remplacement » a bel et bien commencé. En France, comme en Allemagne, il progresse à grands pas chaque année : objectivement, on ne peut que le constater à travers les statistiques des décès, des naissances et des nouvelles arrivées de migrant-s. Ceux qui ne peuvent pas nier ces faits évidents, mais ne veulent pas non plus les admettre ont souvent recours à l’insulte et à la diffamation à l’encontre de ceux qui mettent en garde contre les conséquences qui résultent de ces faits. C’est pourquoi on critique Zemmour en France, et moi-même en Allemagne ».
[ Propos recueillis et traduits par Nicolas FAURE pour breizh info le 22 mai 2022 ]
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