Une fois de plus, Péan a travaillé pour tenter de faire une synthèse complète. Apparemment, il a réussi et ne tait rien. Pour parvenir à un tel ouvrage de 500 pages denses, brûlantes, pour soulever des sujets terribles et les résoudre, il faut à l'auteur un courage réel, mental et physique. Il donne des détails et des noms sur les responsables des trafics de chair humaine (cœurs, reins...) enlevés pour des transplantations ! Il montre que l'OTAN a voulu obstinément créer un Etat en dépit des réalités et que pour cela, ses responsables n'ont pas hésité à donner la main à une mafia particulièrement monstrueuse. Oui les pousse-au-crime l'ont fait au nom des droits-de-l'homme, de fausses bonnes raisons "humanitaires". Ce qu'on retient de plus frappant c'est l'imbroglio de manœuvres à quadruple bande, un échantillonnage des techniques de manipulations (des peuples, des media, des gouvernements). Les mensonges les plus gros (sur des "camps de la mort", sur des "viols de masse de femmes musulmanes"...), les reportages inventés, les atrocités inimaginables, les trahisons les moins prévisibles, il y a tout eu. Et l'opinion, bien formatée, a marché. La grille de lecture des événements était simple : les bons, les gentils étaient forcément bosniaques, albanais, souvent musulmans. Ceux que l'Europe devait aider. Les méchants sans hésitation étaient serbes. Deux mois et demi de bombardements de l'OTAN ont été nécessaires pour faire plier "l'arrogante" Serbie. Kouchner était content de lui, chaleureux avec les chefs mafieux venus d'Albanie. Quand ensuite, quelques journalistes cohérents, quelques "humanitaires" lucides ont parlé des trafics (d'organes, de femmes, d'armes..), on n'a pas voulu les écouter. Pour installer la démocratie, a-t-on expliqué, la guerre "juste" a été nécessaire. Nous avons un cas d'école d'une énorme manipulation organisée pour le plus grand profit de réseaux politico-mafieux. Claude VIGNON, Lectures Françaises n° 675 (juillet-août 2013)