Malgré les nombreuses études qui lui ont été consacrées, une période cruciale de la vie de Julius Evola restait encore dans l'ombre, d'autant plus que l'intéressé, discret jusqu'à la réticence au sujet de lui-même, en avait très peu parlé : les années 1943-1951, qui furent celles de l'attitude à adopter face à la grande crise du régime fasciste et à la fondation de la République sociale italienne (RSI), puis de l'accident survenu à Vienne début 1945 qui le laissa paralysé des membres inférieurs, du véritable "chemin de croix" médical qui suivit entre l'Autriche, la Hongrie et l'Italie, enfin du retour définitif à Rome au printemps de 1951.
Avec une passion de la vérité et de la précision qui force l'admiration, l'auteur fait défiler, sur un rythme qui évoque souvent celui du roman policier, rencontres, personnages et initiatives. Qu'il s'agisse de la présence d'Evola au quartier général de Hitler aussitôt après la libération de Mussolini, de sa collaboration avec le SD, de sa fuite rocambolesque de Rome le 4 juin 1944 pour échapper aux services secrets américains, de ses liens étroits, à Vienne, avec le philosophe Othmar Spann et son cercle, du projet d'écrire un grand ouvrage antimaçonnique, des conditions exactes du bombardement dont il sortit victime -, les pages remplies d'informations souvent inédites se succèdent pour réduire à néant toutes les "légendes urbaines" accumulées au fil des ans autour d'un personnage très controversé.
Peu à peu émergent la figure d'un homme étonnamment actif, d'abord désireux de rassembler les forces éparses du conservatisme aristocratique en un réseau secret paneuropéen, puis, après son accident, celle d'un "guerrier immobile" dont l'enseignement va influencer durablement plusieurs générations de néofascistes habités par l'idée d'une Droite traditionnelle d'orientation "gibeline".
Un livre strictement indispensable à quiconque entend accéder à une connaissance authentique de l'homme Evola et de son oeuvre.