A la mort de Franco, la plupart des observateurs s'attendent à la poursuite quasi identique du régime qui a verrouillé l'Espagne depuis quarante ans par son dauphin, choisi et éduqué dans ce but. Or, dès ses premiers déplacements et déclarations, celui que l'on croyait falot se démarque... pour bientôt incarner une Espagne moderne et démocratique. Qui est donc ce jeune homme effacé soudain devenu chef d'état charismatique ? Juan Carlos Ier de Borbón y Borbón est né en exil avant la deuxième guerre mondiale.
Son père, Don Juan, héritier du trône, l'envoie à l'âge de dix ans en Espagne afin d'y être formé, alors que le pays subit la dictature du général Franco, adversaire politique de la famille. Après son mariage avec la fille du roi de Grèce Sofía, il traverse de longues années difficiles en attente d'un statut officiel. Tiraillé entre son père, figure de la légitimité bafouée, et son mentor Franco, il est alors perçu comme une marionnette manipulée par ce dernier qui finit par le désigner comme successeur à la tête d'une monarchie qui devra être franquiste.
A la mort du Caudillo en 1975, le jeune prince de 37 ans devient donc roi d'Espagne, et à la surprise de tous, rétablit la démocratie, légalise le parti communiste, et défend sans vaciller son régime face à la tentative de coup d'Etat militaire en 1981. Avec lui, l'Espagne va panser ses blessures, et entrer dans la modernité. Fin stratège, diplomate, séducteur, ce souverain secret, dont ce livre révèle aussi les parts d'ombre, a réussi l'exploit ultime de trahir les siens pour mieux servir son pays.
Née de mère vénézuélienne et de père français, Laurence Debray, 35 ans, a grandi en France et en Espagne. Elle est titulaire d'une Maîtrise d'Histoire de La Sorbonne sur la transition démocratique espagnole, publiée en Espagne en 2000 sous le titre La Forja de un Rey (Editions El Monte). Elle a par la suite poursuivi ses études à la London School Economics et à HEC puis travaillé dans la finance à New York et Paris avant de renouer avec l'Histoire contemporaine et de poursuivre ses recherches sur le roi Juan Carlos et l'Espagne.