Portrait ...
3/5 Friederikle Mignesco .
.----. Si le regard que Caron porte sur le Principe, dont sa pensée se veut le reflet, est de tonalité limpide et radieuse, comme nous l’avons vu, le regard sur l’homme et les choses de notre époque est foudroyant et apocalyptique, au sens où il rend manifeste le néant qui sous-tend notre ère. Se conformant au contenu, la tonalité se fait orageuse et le langage en sort cinglant et provocateur, par moments même injuste. Bien que l’auteur tienne parfaitement ses rênes, il semble pourtant parfois en être envahi, et le lecteur risque de ne plus vouloir le suivre. A ceux qui ont déjà les yeux ouverts sur l’essentiel, qui sont peu nombreux, certes, mais qui existent, les pages où le regard de Caron tombe inexorable sur l’outre-modernité ne diront rien de vraiment nouveau : mais ils le remercieront de se sentir moins seuls, moins déplacés. Et ils auront un plaisir fou de le lire nettoyer l’air du temps. Pour les autres, les pages ici présentées peuvent être, dans leur entièreté, l’occasion de découvrir, de comprendre et de méditer un auteur qui ne laissera aucun indifférent et dont l’œuvre jusqu’ici publiée traverse comme un éclair l’époque pour annoncer l’avenir. Mais ne pourront lire Maxence Caron avec joie « que les cœurs catholiques et les esprits d’ivresse ». .----. .********. .----. Le Journal qu’il « jette comme un négligé de soie et d’acier sur les épaules de ses journées », s’achève, quand après deux nuits blanches ou somnambuliques où il se réveillait toutes les dix minutes parfaitement transpirant, il « remarque qu’un carnet de cent pages a été entièrement recouvert de quelque chose qui va de lui-même à son sens (757) »; de sorte que l’accomplissement du Journal se confond avec l’accueil de l’œuvre nouvelle, intégralement donnée par la Différence fondamentale de l’Être: « Il y a, avant que de dire combien ils ont retenu la Vérité captive / Il y a, avant de dire la désobstruction de la conscience réflexive et la source trinitaire de cette énergie spirituelle / Il y a, entre mes mains, dans ce Journal qui devance l’œuvre principale / Il y a ce nocturne sourdissant avant la profonde Aube de pourpre ». [ Portrait de Maxime Caron par Friederike Mignesco à partir du " journal inexorable ", article paru dans " Die Warte " du " Luxemburger Work " le 13 décembre 2012 ]
Un catholique comme on n'en fait plus.
3/5 Chronique d'Alfred Eibel .
.----. Il serait audacieux, mal venu, de résumer en quelques lignes un Journal de ce calibre, celui d’un homme qui ne se situe ni côté cour ni côté jardin, un philosophe de la liberté, un croyant, qui veut échapper, on le comprend, à ce qui l’obligerait, dans la société actuelle, à se conformer à la pensée unique, pour ne pas paraître hérétique. Si vous ne jouez pas du clairon dans le but de rassembler et de hurler avec les loups, vous subirez un sort identique à celui de la reine Hatchepsout dont on fit disparaître le nom de tous les monuments. Se présentant comme un anarchiste de droit divin, Maxence Caron ne rate pas une occasion de se montrer en contradicteur, contredisant. Il ne flatte pas le désir bourgeois, il n’est aux bottes de personne, il se défie des penseurs avec fond de teint qui apparaissent régulièrement à la télévision. Il se crispe, quand il entend parler d’artistes autoproclamés. Peu de réputations ont ses faveurs. C’est son côté Julien Benda. Lecteur de Claudel, il est un catholique comme on n’en fait plus. Nicolas Berdaïev (1874-1948) parle de la situation spirituelle de l’homme moderne. Maxence Caron évoque ce qui le relie à Dieu, à la musique ; car voici un homme que Beethoven bouleverse, pour qui Mozart est « profondément atteint par la lumière », et, passionné de cinéma, tient Fritz Lang pour un créateur sans rival. A l’écriture d’un classicisme exemplaire, s’ajoute sa part fulminante et frénétique, héritée de Céline, qui fait monter l’adrénaline d’un livre qui surprend par ses bourrasques. [ Alfred Eibel sur son blog qu'à vrai dire nous ne connaissons pas ; donc : à visiter avec réserve et curiosité ) .