A l'instar de Télémaque, Charles Du Bos (1882-1939) brûle du désir de découvrir et de savoir. L'abbé Mugnier, ancien directeur spirituel de Huysmans, lui conseille d'entreprendre la rédaction systématique de son Journal. Du Bos connaît alors une forme de sérénité grâce à ces pages rédigées quotidiennement, véritable chambre d'écho à son âme comme à son oeuvre critique. Le parcours du jeune auteur, en ce début de XXè siècle, est exceptionnel. Issu d'une famille aisée, il prend le temps d'aller aux sources mêmes de la réflexion la plus exigeante. Sortant d'un cours de Bergson, il a soudain conscience de sa re-naissance, à 17 ans. À Oxford, la découverte des "quatre majeurs", Keats - Shelley-Coleridge-Byron, le plonge dans un véritable état de grâce. À Florence, la profusion des merveilles de la Renaissance lui ouvre des perspectives qui détermineront sa perception esthétique. Dans cette quête du Beau, ses maîtres seront Ruskin, Pater, puis Berenson. C'est à Berlin enfin, où il aura pour maître Simmel, que Charles Du Bos vit la dernière phase de sa formation européenne.
"Mondain défroqué" selon sa propre expression, il se consacrera désormais à la vie de l'esprit, rapidement inséparable de la vie de l'âme. Son univers intellectuel va se consteller d'amitiés et de connaissances aussi brillantes que celles de Marcel Proust, Paul Valéry, Paul Claudel, Henry James, André Maurois, François Mauriac, James Joyce, André Gide, Jacques Rivière et E.R. Curtius...
Le premier volume de cette nouvelle édition établie par Louis Mouton couvre les années 1920-1925. On trouvera en fin d'ouvrage la traduction intégrale des passages rédigés en anglais dans le texte, ainsi qu'un index des noms.