A toi, mon pauvre peuple, je te pardonne d'avoir fait tomber la tête du plus magnanime de tes princes. A vous, mes nobles rois, je vous pardonne d'avoir laissé brûler la plus dévouée de mes filles ! Le pardon ! le pardon ! Oh ! que par vous il s'accomplisse, ô mon Dieu ! Qu'il s'accomplisse, afin qu'au ciel se puissent réjouir saint Louis et Charlemagne, qui sont de nou-. Qu'il s'accomplisse, afin que tous les opprimés de la terre relèvent enfin la tête, en apprenant qu'il est guéri de ses meurtrissures, le soldat de Dieu ; et que, sur sa poitrine, se sont rapprochées et reconnues et l'épée des Croisades et la croix des Missions ! Qu'il s'accomplisse, afin que l'Église sorte de ses douleurs ; et que ses derniers jours sur cette terre, devenus des jours d'allégresse, Pie IX les doive à la France, avant que de nous quitter pour le repos et la palme qu'il a mérités dans les cieux ! Qu'il s'accomplisse donc, ce pardon, bientôt, demain, ô mon Dieu ! Des millions de coeurs le demandent avec nous. Et pour l'obtenir, c'est le sang de Jeanne d'Arc, c'est le sang de Louis XVI que nous vous présentons de nos mains suppliantes. Comme le sang d'Abel, l'un et l'autre crient : pardon et miséricorde !