Hérésie dangereuse !
5/5 La Lorraine Royaliste .
.----. Ce livre est réalisé sous la forme de réponses à des questions posées par Cécile
Montmirail. Il est préfacé par Guillaume de Tieulloy. Nous savons que Bernard Antony
est originaire de cette région du Languedoc qui fut fortement touché par l'hérésie
Cathare aux XII' et XIII° siècles.
L'auteur montre déjà que cette hérésie, issue de très anciens courants gnostiques et d'hérésies manichéennes, est dangereuse car professant « la haine de la Création, de l'Incarnation, et de la transmission de la vie ». Elle peut être
comparée à cette « culture de mort» qui reparaît aujourd'hui et que saint Jean-Paul II
dénonçait. S'appuyant sur des sources de l'époque, Bernard Antony montre comment
elle fut combattue par une croisade sur laquelle nous pouvons nous interroger. Il montre
aussi les positions des Rois de France, s'engageant au minimum et, sous Louis IX (saint
Louis) travaillant à une réconciliation entre les anciens belligérants. Un livre remarquable
qui fait la lumière sur ce qui s'est réellement passé avec ses noirceurs mais aussi ses
lumières.
Un livre à lire pour tous ceux qui veulent en savoir plus sur ce drame qui a secoué une
grande partie du midi de la France et dont beaucoup parlent sans connaître la réalité
[ Signé : Jean Nedischer dans " La Lorraine royaliste ", n° 367, décembre 2020 ]
Inquisition, système féodal, papauté ...
5/5 Reconquête .
.----. Au départ ce devait être un bref pamphlet, un coup de gueule de Bernard Antony qui en
a marre de voir chez lui les pancartes « Vous entrez en pays cathare », et toute la
propagande idéologico-touristique autour du mythe de Montségur (ce ne fut pas un
bûcher de l'Inquisition et les murs que l'on voit ne sont pas cathares) et de ceux qu'on
ose présenter comme de bons chrétiens authentiques persécutés par les méchants
catholiques dévoyés.
Mais voilà que de fil en aiguille et surtout de sources historiques authentiques en études
dédiées au sujet, il s'est passionné pour la question et a considérablement élargi son angle
d'attaque. C'est pourquoi il ne cessait de me parler de ce livre qui prenait tant de retard.
On comprend pourquoi, surtout, quand on le lit. Car d'une histoire extrêmement
compliquée Bernard Antony a fait un roman d'aventure. Un roman où tout est vrai, une
page d'histoire où la longue et patiente dissection des sources diverses aboutit à un récit
unifié, vivant, d'un élan allègre et sans cesse rebondissant (et ce n'est pas une mauvaise
idée de ce point de vue de le présenter comme une conversation avec Cécile
Montmirail).
D'abord, Bernard Antony s'attache, avec un grand souci pédagogique, comme le
souligne Guillaume de Thieulloy dans sa préface, à définir ce qu'est le catharisme. Et ce
n'est pas facile, car il y en en eut plusieurs variantes. Mais l'essentiel est que cette
doctrine, contrairement à ce qu'en rêvent les catharophiles de notre temps, ne ressemble
en rien à un émouvant retour au christianisme des origines. Il ne s'agit même pas d'une
hérésie, mais d'une idéologie profondément antichrétienne, et par là anti-naturelle : une
préfiguration de la culture de mort. Et les gentils cathares ne se privaient pas de
persécuter les catholiques, d'où l'inévitable réaction de défense de la chrétienté.
Réaction qui s'incarne dans un homme : Simon de Montfort. L'homme de la croisade
contre les « Albigeois ». L'homme dont on a fait un monstre. Mais qui était d'abord un
vrai chrétien et un génial chef de guerre, et c'est pourquoi il fut choisi pour mener cette
authentique croisade.
Bernard Antony s'efforce de suivre Simon de Montefort dans ses chevauchées, et parfois
il a du mal à reprendre son souffle, tant l'homme est incroyablement rapide,
incroyablement réactif, et qu'il est au centre de tout un dispositif où s'entrechoquent les
liens féodaux, les intérêts des princes et ceux de l'Église, les manœuvres des cathares, les
intrigues des barons, et l'arbitrage du pape... À la croisade proprement est liée de façon
inextricable la conquête de territoires méridionaux par un comte français, dans le
contexte précis d'une époque où se joue l'avenir du midi toulousain entre Aragon et
France.
On rencontre au fil des pages des personnages étonnants. D'abord Montfort,
évidemment, dont on n'a retenu que la cruauté, indéniable, mais qui n'était que le
pendant de celle de ses adversaires ; mais aussi son inséparable mentor spirituel pendant
la croisade, Arnaud Amaury, moine cistercien, abbé de Cîteaux, qui deviendra
archevêque de Narbonne et se fera duc de Narbonne, au grand dam de Montfort...
Personnage essentiel aussi Raymond VI, comte de Toulouse, sorte de politicien retors et
sans scrupule qui réussit toujours à se sortir des pires difficultés et à retomber sur ses
pieds alors qu'il ment à tout le monde, y compris au pape. Aujourd'hui il aurait été un
homme clé de la République.
Enfin après la croisade il y a l'Inquisition. Bernard Antony s'efforce là aussi d'être
véridique : il souligne que les inquisiteurs (dont plus d'un fut massacré) menaient de
véritables enquêtes, approfondies, et que les procès étaient tout sauf expéditifs. Que l'un
des deux premiers grands inquisiteurs de Toulouse prononça 671 condamnations dont
aucune au « bras séculier ». Que même le célèbre Bernard Gui, horriblement caricaturé
dans Le Nom de la rose, ne prononça pas plus de 4 % de peines capitales. Il est toutefois
assez sévère envers une institution de « police de la pensée religieuse » qui maniait la
terreur au nom de l'Église.
C'est aussi l'intérêt de ce livre de faire réfléchir sur des questions complexes, non
seulement l'Inquisition, mais le système féodal, la place de la papauté, l'évolution vers les
nations modernes, etc. Bref, on ne perd pas son temps. [ Yves Daoudal dans Reconquête, n° 371, octobre 2020 ]
Loin du folklore idéologique du "Cathareland"
5/5 Présent quotidien
.----. Solidement enraciné dans son Bigorre natal, il y a longtemps que Bernard Antony est « mâché » (comme on dit là-bas) par l'instrumentalisation touristique d'un pseudo « pays cathare » et, plus encore, par l'instrumentalisation politico-religieuse du catharisme.
Il a donc décidé d'en finir avec cette double entourloupe, l'une folklorique, l'autre plus pernicieuse. Avec un livre au titre explicite : Pour en finir avec le " pays cathare ". Un livre qui aurait pu trouver sa place dans la collection " La Désinformation autour de. " de l'Atelier Fol'Fer, mais qui, vu son ampleur et son ambition, est accueilli dans la collection "Xénophon" de cette maison d'édition.
La subversion hérétique cathare a sévi plus d'un demi-siècle. Elle couvrit les règnes de Philippe Auguste, Louis VIII le Lion, et saint Louis. Elle débuta par une croisade ordonnée par la papauté et se poursuivit par une indéniable guerre de conquête. Elle donna lieu à des massacres monstrueux. L'un et l'autre camp n'ayant pas le privilège de l'horreur en ces temps rudes.
Porté par les questions toujours pertinentes et incitatives de Cécile Montmirail, Bernard Antony exprime deux refus. Le premier étant dit dans le titre même de l'ouvrage : en finir avec le fantasme d'un "pays cathare" unanimement dressé contre les hommes du Nord, les Français". Bernard Antony réfute l'étiquetage "cathare" d'un territoire méridional riche d'une immense histoire et d'une identité civilisationnelle qui ne se résument pas à l'épiphénomène cathare.
Le second refus est ainsi développé : "Certes, le catharisme a religieusement et historiquement presque totalement disparu depuis ses dernières résurgences à la fin du XIIIe siècle. Mais il n'est pas aberrant de trouver quelque analogie entre les doctrines manichéennes et cathares d'hier et les idéologies nihilistes d'aujourd'hui " .
En son temps le catharisme, qui haïssait le monde, fut une "culture de mort". D'où la nécessité d'en finir avec une fantasmagorie délétère. Préfacier du livre, Guillaume de Eieulloy écrit notamment que Bernard Antony nous apprend à ne pas porter de jugement. manichéen sur les principaux personnages : "Le pas d'amalgame, que la caste politico-médiatique revendique si souvent dans d'autres contextes, devrait être particulièrement appliqué en histoire - à côté de l'interdit de l'anachronisme, lui aussi souvent rappelé par l'auteur (.). Nos prédécesseurs étaient, comme nous, des êtres humains marqués par le péché, avec leurs aspects lumineux et ténébreux. "
On est ainsi aux antipodes de ce folklore catharisant qui faisait écrire à Georges Bordonove, en toute fin de sa Tragédie cathare (Pygmalion, 1991) : " Désormais, dans la terre de Languedoc, se confond la poussière de ceux qui firent l'Histoire et de ceux qui tissèrent l'humble trame des jours. Les autans ont mêlé de leur souffle les cendres des brûlés de Montségur et celles des inquisiteurs d'Avignonet (.). Des souvenirs persistent : les Toulousains n'ont pas oublié les comtes Raymond ; les Carcassonnais révèrent la mémoire des Trencavel et les Minervois sourient en parlant du vicomte Guilhem. " Les Toulousains, les Carcassonnais d'aujourd'hui et leurs quartiers où l'on parle, hélas, plus arabe qu'occitan ? Un Languedoc rêvé, une Occitanie fantasmée.
Oui, dira t-on, mais quand même l'Inquisition. Bernard Antony ne fait pas l'impasse sur cette institution pour laquelle il ne nourrit pas, et il le dit avec force, une affection particulière. On lira le chapitre intitulé "Le temps de l'Inquisition" qui, loin des caricatures habituelles - et, là encore, des fantasmes récurrents - ne laisse rien dans l'ombre. Avec cette réflexion que l'on peut faire nôtre : " La chrétienté de Jeanne d'Arc, heureusement, ne saurait être ramenée à l'Inquisition de l'évêque Cauchon".
<p align="right">Signé Alain Sanders dans PRESENT n° 9707 du 26 septembre 2020 <a href= http://www.present.fr/ target=_blank>www.present.fr</a>
Mérite lecture avec une importante réserve !
3/5 Le Sel de la terre
.----. « Vous entrez en pays cathare ! » Il est difficile de pénétrer en Languedoc sans être accueilli
par l'agaçante pancarte qui a provoqué ce nouvel ouvrage de Bernard Antony : Pour en
finir avec le « pays cathare ».Face à la récupération moderne du catharisme(1), qui mêle
allègrement régionalisme, exploitation touristique et commerciale, propagande
maçonnique et anticatholicisme – une des meilleures illustrations en est peut-être le
Musée de l'Inquisition, à Carcassonne, agrémenté d'une magnifique exposition
internationale d'instruments de torture – Bernard Antony, répondant aux questions de
Cécile Montmirail, raconte ce que furent le catharisme, la croisade contre les Albigeois et
le temps de l'Inquisition.
Visiblement soucieux d'éviter autant la légende rose que la légende noire, il raconte de la
façon la plus objective possible, citant abondamment les chroniqueurs du temps ou bien,
sur les personnages controversés – par exemple Simon de Montfort(2) – les appréciations
contraires portées par les uns et par les autres.
L'ensemble est clair, vivant, nuancé, bien informé et l'on ne peut qu'approuver l'auteur
lorsqu'il veut éviter à la fois l'anachronisme, qui juge les faits d'après les critères d'une
autre époque, et, en face, le relativisme absolu, qu'il appelle anatopie (p. 89), qui refuse
tout jugement(3).
L'Inquisition en question
L'auteur, pourtant, échappe-t-il vraiment aux préjugés contemporains lorsqu'il critique
non seulement les excès commis au cours des temps, mais le principe même de cette
institution ?
S'il dénonce « l'exploitation souvent désinformatrice et fantasmagorique de sa réalité » et
s'il s'emploie à décrire honnêtement ce qu'elle fut vraiment, Bernard Antony estime en
effet avec « saint Jean-Paul II » (ainsi nommé à deux reprises, p. 268 et 269(4) qu'elle fut
« fort peu évangélique » (p. 267) et qu'on ne peut la considérer « avec un regard de piété
filiale catholique » (p. 269)
Faut-il rappeler que cette institution fut illustrée, dès son origine, par saint Pierre de
Vérone — qui fut toujours considéré ensuite comme le saint patron de l'Inquisition —
et par de nombreux autres saints ou bienheureux(5) ?
Faut-il préciser que l'inquisiteur Guillaume Arnaud – que l'auteur connaît bien,
puisqu'il raconte longuement ses procédures et sa mort – a été béatifié en 1866(6) ?
Curieusement, Bernard Antony, qui qualifie de « saint » le triste pape qui embrassa le
Coran, semble méconnaître ces vrais saints inquisiteurs.
Assurément, son ouvrage mérite lecture, mais non sans cette importante réserve.
1 – Voir « Repentance à Montségur ? Cathares, catharisme et catharomanie » par Henri Barthès, dans Le
Sel de la terre 101, p. 218-221.
2 – Voir « Simon de Montfort : bourreau ou martyr ? » par Philippe Girard, dans Le Sel de la terre 80, p.
154-162.
3 - C'est le curieux principe selon lequel l'historien devrait s'interdire tort jugement de valeur. Voir Le Sel
de la terre 111, p. 29.
4 - Sur le doute sérieux qui affecte les béatifications et canonisations conciliaires, voir Le Sel de la terre 72,
p. 36-120.
5 - Sur saint Pierre de Vérone, voir Le Sel de la terre 36, p. 118-138. – Pour d'autres exemples, Le Sel de la
terre 61, p. 156-161 (les quatre bienheureux inquisiteurs de Savigliano) et 62, p. 144-152 (les trois
inquisiteurs martyrs d'Urgel, en Espagne).
6 - Sur le bienheureux Guillaume Arnaud et les martyrs d'Avignonnet, voir Le Sel de la terre 37, p. 157-
166.
[ Signé Yves Gérardin dans " Le Sel de la terre ", n° 115, hiver 2020-2021 . Les numéros de cette revue sont le plus souvent disponibles sur ce site ]