AUGUSTE-SIMÉON LUCE, ARCHIVISTE ET HISTORIEN (1833 - 1892)
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.----. De grande taille, plein de vie et de santé, l’œil vif et intelligent, la parole un peu traînante, M. Siméon Luce se dévoilait tout d'abord comme un homme simple et bon. Il ne faisait point parade de sa science ; au contraire, on eût cru qu'il s'efforçait de la dissimuler sous une modestie charmante, et, comme le déclarent à l'envi tous ceux qui l'ont connu, ce qui plaisait surtout en lui c'était son affabilité, sa loyauté et son absolu droiture.
Fils de Marin-Étienne Luce (1778 - 1852), cultivateur, et d'Aimée-Modeste Leroux (1791 - 1871), Auguste-Siméon est né le 29 décembre 1833, à Betteville-sur-Ay, au hameau de la Lucerie (Manche).
Siméon fit ses études littéraires au petit séminaire du diocèse, à Muneville-sur-Mer, où il remporta facilement tous les prix, et sa philosophie au lycée de Coutances. Il entra le premier à l'École des Chartes, en 1855, et, après un examen brillant à la sortie, il fut nommé archiviste du département des Deux-Sèvres, fonctions qu'il exerça deux ans (1858 à 1859).
Son histoire de la Jacquerie (1859), sa thèse latine sur le poème de Gaydon, discussion critique sur un vieux poème français, le firent remarquer et élire membre auxiliaire de l'Académie des Inscriptions et belles Lettres (1859).
Quelque temps après, vers 1862, ses premières études sur Froissard lui valurent le titre de professeur à l'École des Chartes, où son enseignement était très apprécié.
Il publia la "Chronique des 4 premiers Valois" et diverses études sur la Guerre de Cent Ans ; mais son grand œuvre a été l'annotation et la publication des chroniques de Froissard, dont l'édition qui fait partie des mémoires de la Société de l'Histoire de France, est un véritable monument, malheureusement inachevé, puisqu'il en était au 8e volume. Cette œuvre, vraiment magistrale, fait autorité.
En dehors des chroniques de Froissard, M. Luce publiait des mémoires remarquables dans les publications qu'il dirigeait. Peu de temps avant sa mort, il prononçait un beau discours à la Ligue de la réforme sociale.
Auguste-Siméon Luce fut fait chevalier de la Légion d'honneur par décret du 31 mars 1883.
L'Académie des Inscriptions et belles Lettres le comptait parmi ses membres les plus érudits, ainsi que le Comité des Travaux historiques.
Une nouvelle chaire ayant pour objet l'étude critique des sources de l'Histoire de France ayant été créée à l'École des Chartes, M. Siméon Luce en devint titulaire en 1885.
Parmi les ouvrages les plus remarqués de cet historien nous citerons "Jeanne d'Arc à Domrémy". M. Siméon Luce semblait avoir partagé sa vie entre deux cultes patriotiques, celui de Du Guesclin et celui de Jeanne d'Arc, "Elle n’est pas seulement le type le plus achevé du patriotisme, elle est l’incarnation de notre pays dans ce qu’il a de meilleur. Il y a dans la physionomie de l’héroïne du XVe siècle des traits qui la rattachent à la France de tous les temps…"
On n'a pas oublié la polémique qu'il engagea, en 1892, année de sa mort, avec Mgr Jean-Pierre Pagis, évêque de Verdun, au sujet des ruines de la chapelle où la bonne Lorraine avait coutume de faire ses dévotions. L'évêque de Verdun voulait encastrer ces ruines dans la basilique qu'il érigeait à la mémoire de la Pucelle. M. Siméon Luce demandait qu'elle fut restaurée et laissée en dehors de la basilique. Le ministre de l'Instruction publique lui donna gain de cause et classa ladite chapelle parmi les monuments historiques.
Âgé à peine de 59 ans, M. Siméon Luce a été subitement frappé et ravi à l'affection de sa famille. La nouvelle de sa mort inopinée a produit une profonde impression dans le monde académique, où le regretté défunt ne comptait que des amis. Le 14 décembre 1892, M. Luce revenait de son cours à l'École des Chartes lorsqu'en passant sur la place du Châtelet, il s'est subitement affaissé. Transporté à l'Hôtel-Dieu, il a expiré pendant le trajet. Ses funérailles eurent lieu le 17 décembre suivant.
Il avait épousé, à Coutances (50), le 5 février 1872, Élisa-Anna-Maria Danguy, fille de Désiré-Louis, avoué, et d'Amélie-Augustine Jehenne, née à Coutances, le 13 novembre 1853.
De ce mariage sont nés : - Siméon-Louis-Émile, né le 7 novembre 1872 et - Amélie-Élisa-Louise-Aimée, née à Paris (4e) le 8 octobre 1873.
Sources : Courrier de Tarn-et-Garonne du 17 décembre 1892 - Edouard Forestié - L'Archiviste, revue historique et documentaire ... - Tome premier - 1893 - portrait : Généanet - arbre de Jean-Claude Criquet - AN - Base Leonore - LH//1673/22 - AD50 - Registres d'état-civil de Bretteville-sur-Ay et de Coutances - État-civil de Paris
[ Publié le 29 août 2022 par http://shenandoahdavis.canalblog.com/ du site La Maraîchine Normande ]
P.S. / La Maraîchine Normande : EN MÉMOIRE DU ROI LOUIS XVI, DE LA REINE MARIE-ANTOINETTE ET DE LA FAMILLE ROYALE ; EN MÉMOIRE DES BRIGANDS ET DES CHOUANS ; EN MÉMOIRE DES HOMMES, FEMMES, VIEILLARDS, ENFANTS ASSASSINÉS, NOYÉS, GUILLOTINÉS, DÉPORTÉS ET MASSACRÉS ... PAR LA RIPOUBLIFRIC ]
Apport fondamental !
5/5 La nouvelle revue lorraine
.----. En 1886 a été publié l’ouvrage de Siméon Luce (1833–1892) Jeanne d’Arc à Domrémy. Élève de Jules Quicherat, Siméon Luce se démarquera des historiens qui voulait faire de la pucelle une héroïne laïque. Ses lignes témoignent d’une rare objectivité et sont en même temps révélatrices de la grâce que Jeanne d’Arc opéra en lui. Sa découverte dans les archives de Meurthe-et-Moselle du fil conducteur entre Vaucouleurs et la Cour de France, son étude magistrale sur le village de Domrémy, font de ce livre un apport fondamental à la connaissance de Jeanne. [ Alain Beaugrand dans La nouvelle revue lorraine, n°55, quatrième trimestre 2019 ]
Siméon Luce résume Jeanne d’une belle façon
5/5 Salon Beige .
.----. « La Pucelle n’est pas seulement le type le plus achevé du patriotisme, elle est l’incarnation de notre pays dans ce qu’il a de meilleur. Il y a dans la physionomie de l’héroïne du XVe siècle des traits qui la rattachent à la France de tous les temps, l’entrain belliqueux, la grâce légère, la gaieté primesautière, l’esprit mordant, l’ironie méprisante en face de la force, la pitié pour les petits, la faibles, les malheureux, la tendresse pour les vaincus. De tels dons appartiennent pour ainsi dire à notre tradition nationale, et la libératrice d’Orléans les a possédés à un si haut degré que cette face de son génie a frappé tous ses admirateurs.? » [ Le Salon Beige ; Michel Janva reproduit le 8 août 2019 la présentation de l'éditeur suivie du texte ci-dessus ]