La bataille qui mit fin au siège de Vienne par les Turcs, en 1683, fut à la fois le point culminant du règne de Jean Sobieski et une étape majeure de l'histoire de l'Europe, en ce qu'elle annonça l'effacement de la menace turque.
Malgré son heureux dénouement, Jean Sobieski est cependant une tragédie, d'abord parce qu'elle évoque l'Histoire et les choix difficiles exigés par celle-ci, sous la direction d'un grand Roi à la destinée tragique, hanté par le péril mortel que l'anarchie nobiliaire faisait peser sur la Pologne. Elle l'est aussi parce qu'elle marque la fin de l'insouciance pour les trois personnages imaginaires que l'auteur y a introduits. En eux s'incarne ce thème éminemment tragique du Destin qui transforme les êtres, soumis à la fatalité historique qui n'est jamais que le visage du Destin qui les emporte, quitte à en mourir ou à en ressortir bouleversés au plus profond d'eux-mêmes.
Le choeur, immense être collectif, personnifie la charge triomphante des armées européennes, avec par-dessus tout la cavalcade des hussards ailés surplombés de l'Aigle de la Pologne, apothéose dans laquelle, au sein de l'oeuvre de Jean Hautepierre, les vers cataphractaires, longs et rythmés, n'ont jamais mieux porté leur nom.
Martelant et précipitant, au rythme du fléau qui fauche,
Le rythme éternel de la Mort à leurs côtés quand ils chevauchent,
Répandant au-dessus de tout les flots d'une terreur sans fin,
Cavalcadant et lancinant connue le glas pu le tocsin,
Crevant l'azur au grand fracas d'un terrible et sombre tonnerre,
Voici venir à travers tout la charge des cataphractaires !