De tous les personnages "maudits" qu'a pu générer l'histoire contemporaine, Jean Boissel, le Neuneuil d'Un Château l'autre de Louis-Ferdinand Céline, est certainement l'un des plus méprisés, sinon méprisables.
Le fondateur du Front Franc, national-socialiste enthousiaste dès 1935, antisémite frénétique, ami intime de l'odieux Julius Streicher, co-fondateur de la Légion des Volontaires Français contre le bolchevisme, n'a certes rien fait pour s'attirer une quelconque sympathie, voire une certaine compréhension de la part des tenants officiels de la "mémoire" collective.
Pestiféré, même parmi les "ultras" de la Collaboration qui le jugeaient trop... extrémiste, comment Jean Boissel en est-il arrivé là ?
Il avait pourtant été un héros de la Grande Guerre, plusieurs fois décoré, mutilé à 100 %, titulaire de la Légion d'Honneur, architecte talentueux et renommé à la réussite rapide. Il finira, ayant mis sa peau au bout de ses idées, dans la solitude la plus totale et le mépris le plus absolu. Paul-Louis Beaujour, à travers ce destin original, retrace les soixante années de la IIIe République, avec ses scandales à répétition, son immoralité assumée, sa Franc-maçonnerie omniprésente, et ses groupes de pression agressifs, qui n'est pas sans rappeler, évidemment, notre triste conjoncture actuelle.