« figure mythique » de la politique française
5/5 Lectures Françaises .
.----. Jean Jaurès reste aujourd’hui ce qu’il est convenu d’appeler une « figure mythique » de la
politique française. Né en 1859, à Castres (dans le Tarn), orateur brillant et habile
manœuvrier, il est parvenu, en moins d’une vingtaine d’années, à hisser le parti socialiste
au sommet de la république qui était devenu, en 1870, le régime politique
« définitivement » imposé à la France. Sa notoriété fut démultipliée lorsqu’il fonda, en
1904, le journal L’Humanité (qui paraît toujours en 2012, puisqu’il est l’organe officiel du
Parti communiste français !). Les socialistes de gauche (les « purs et durs ») de l’époque
lui reprochèrent amèrement d’avoir accepté l’argent du banquier Louis Louis-Dreyfus
pour financer cette entreprise, mais la majorité de son parti lui sut gré d’avoir doté le
socialisme français d’un grand journal (même si les hommes qui lui ont offert cet appui
se souciaient infiniment plus de leurs affaires spéculatives que de l’avenir des « masses
laborieuses »...).
Quelques années auparavant, Jaurès et les socialistes avaient rendu service aux amis du
capitaine Dreyfus ; à leur tour les dreyfusistes fortunés lui « renvoyaient l’ascenseur ». Ce
soutien et cette solidarité née du combat commun contre la « réaction » et le
« militarisme » facilitèrent grandement la propagande socialiste et le nom de Jaurès
devint connu dans le monde entier. Nous étions aux tout débuts du XXe
siècle, il était
âgé d’un peu plus d’une quarantaine d’années. Peu de temps après, le 31 juillet 1914 (à la
veille du déclenchement de la Grande guerre), il tomba assassiné sous les balles d’un
déséquilibré. Ce fut un véritable séisme dans le microcosme politique. Cette mort
brutale couronna sa victime de l’auréole définitive du « saint » de la cause. Aujourd’hui
Jaurès est un martyr intouchable !
Afin de mesurer la « puissance » et l’influence des fondateurs-argentiers de L’Humanité,
dès ses premiers numéros, son comité de rédaction a réuni certaines des plumes les plus
prestigieuses de l’époque.
Cela n’a pu se faire sans la séduction des « espèces sonnantes et trébuchantes »... Jugez en par cette simple nomenclature : Aristide Briand, Anatole France, Octave Mirbeau,
Abel Hermant, Jules Renard, Tristan Bernard, Léon Blum, Henry de Jouvenel, Daniel
Halévy, etc.
Bernard Antony, qui est un proche du « pays » de Jaurès (il est né à Tarbes et réside
depuis de longues années à Castres), vient de lui consacrer un livre qui permet d’atténuer
l’exagération de l’adulation. Il est, dans de telles circonstances, pratiquement impossible
de critiquer la sensiblerie qui cache si bien les défauts de la carapace ! D’ailleurs, cela ne
changerait pas grand-chose à une réputation toute faite et admise comme telle par
l’ensemble de la population, acceptant comme argent comptant ce que colportent et
imposent les media « aux ordres ».
Antony, en se penchant longuement sur son sujet, a tout de même trouvé prétexte à
déboulonner la statue, ou du moins à ternir son brillant trop artificiellement déposé.
Pour ce faire, il a très attentivement étudié les douze volumes qui composent
l’imposante somme qu’est L’Histoire socialiste, 1789-1900 (écrits par Jaurès lui-même aidé
d’autres collaborateurs, placés sous sa direction). Son contenu (dont personne n’imagine
ce qu’il recouvre, puisque très peu l’ont lu !) est sans équivoque : c’est moins une histoire
du socialisme qu’une histoire politique considérée du point de vue socialiste, cette
dernière étudiant les événements par rapport au développement des forces sociales.
Selon la conception marxiste, dont l’œuvre tire son inspiration, l’ascension progressive
des milieux ouvriers et paysans à la vie politique doit se faire essentiellement à travers la
lutte des classes. Et c’est la Révolution française qui a créé les conditions favorables à
cette ascension.
Cette démonstration est exposée dans les quatre volumes de L’Histoire socialiste de la
Révolution française (dont Jaurès est l’unique auteur et qui constituent les premiers tomes
de l’ensemble de l’œuvre). Il n’y a pour lui aucun doute : la Révolution est la matrice de
toute vérité politique. Dans ce cadre, la nationalisation des biens du clergé lui donne le
prétexte pour la formulation de la grande loi du socialisme utopique, loi toujours en
vigueur de nos jours : « En dehors de l’individu et de l’Etat, toute existence est factice, artificielle :
les corps n’existent que par le consentement ou mieux par la volonté de l’Etat ; il peut les dissoudre. »
Il n’y a donc que très peu de différence avec ce qu’ont imposé (pendant un siècle) et ce
qu’imposent toujours les régimes de terreur communistes et marxistes-léninistes,
entraînant à la mort des dizaines de millions de victimes innocentes !
Ce Jaurès, le Mythe et la Réalité (titre du livre de Bernard Antony, Atelier Fol’fer) est de la
plus immédiate actualité, afin de ne se faire aucune illusion sur le programme politique
de F. Hollande, très ferme adepte du socialisme utopique de son mentor Jaurès. De plus,
il plonge les « libéraux modérés » (oui, ils existent bien !) dans leurs contradictions, en
particulier ceux qui ont solennellement annoncé il y a quelques mois que pour rien au
monde ils ne donneront leurs suffrages à un représentant d’une quelconque « bête
immonde d’extrême droite » et qu’il est bien préférable de « garder son âme » en se
réfugiant dans le giron socialiste à la façon Jaurès ! Nous pourrions, d’ailleurs et
opportunément, poser une judicieuse question à ces donneurs de leçons et se posent en
garants de la moralité publique : quelle différence voient-ils entre le « socialisme
utopique » et le « national-socialisme » ? [ Lectures françaises, n° 666, octobre 2012 ; chronique " La vie des livres " par Jérôme Seguin ]
Le socialiste Jean Jaurès était inspiré par le diable
5/5 "Bibliothèque de combat" une citation :
.----. Ce qu'il faut sauvegarder avant tout, ce qui est le bien inestimable conquis par l'homme à travers tous les préjugés, toutes les souffrances et tous les combats,
c'est cette idée qu'il n'y a pas de vérité sacrée, c'est-à-dire interdite à la pleine investigation de l'homme ;
c'est ce qu'il y a de plus grand dans le monde, c'est la liberté souveraine de l'esprit,
c'est qu'aucune puissance ou intérieure, ou extérieure, aucun pouvoir et aucun dogme, ne doit limiter le perpétuel effort et la perpétuelle recherche de la race humaine ;
c'est que l'humanité dans l'univers est une grande commission d'enquête dont aucune intervention gouvernementale, aucune intrigue céleste ou terrestre ne doit jamais restreindre ou fausser les opérations ;
c'est que toute la vérité qui ne vient pas de nous est un mensonge ; c'est que jusque dans les adhésions que nous donnons, notre sens critique doit rester toujours en éveil et qu'une révolte secrète doit se mêler à toutes nos affirmations et à toutes nos pensées ;
c'est que si l'idée même de Dieu prenait une forme palpable, si Dieu lui-même se dressait visible sur les multitudes, le premier devoir de l'homme serait de refuser l'obéissance et de le traiter comme l'égal avec lequel on discute, mais non comme le maître que l'on subit. [ Jean Jaurès (1859 - 1914) - Discours à la Chambre des députés, janvier 1895 ]