Cet ouvrage important écrit en 1940 par un écrivain catholique de grand talent constitue l’un des plus beaux textes qu’il nous ait été donné de lire au sujet de la trop fameuse question juive. Question qui déclenche, à tort ou à raison, autant de crises d’hystérie dans le camp juif que dans le camp antisémite, entretenant ainsi une confusion intellectuelle déplorable où viennent s’entremêler des influences néfastes de type racialiste, socialiste, gnostique (nous pensons surtout au pernicieux, puéril et tenace marcionisme) ou encore nihiliste. Autant d’obstacles qui ne résolvent rien mais qui, au contraire, ne servent qu’à rendre ce grave problème encore plus insoluble. Rédigé dans un style clair, élégant et vigoureux, on appréciera la finesse de l’analyse et la clarté du propos d’un auteur très mesuré dont la hauteur de vue force le respect. Signalons que l’ouvrage est sorti à une époque de feu et de flamme où l’antisémitisme de type hitlérien avait le vent en poupe (nous pensons aux amusants mais ridicules pamphlets de Louis Ferdinand Céline ou aux «?études scientifiques?» de Montandon). Le curieux rapport dialectique amour/haine opposant le Juif à l’antisémite y est d’ailleurs bien mis en exergue (à la manière des frères Tharaud dans leur beau livre Quand Israël n’est plus Roi). Or il s’agit ici ni plus ni moins que d’une vision catholique du problème, qui est bien évidemment la seule valable. Ce très beau livre regorge de passages lumineux et on pourrait en citer des dizaines. Contentons-nous pour commencer d’une rapide appréciation par l’auteur du racisme juif : «?Le Juif raciste enfin, qui a été le professeur imprudent du nazisme allemand, car le luthérianisme a pris dans la Bible interprétée à la juive cette idéologie du Peuple élu, du Sang élu.?» (p. 33).L’auteur fera de nombreuses fois référence à Bernard Lazare, auteur aussi sournois que brillant, en analysant quelques-uns de ses propos tenus dans son exceptionnelle étude sur l’Antisémitisme son histoire et ses causes, n’hésitant pas à y apporter des nuances éclairantes. Mais les plus beaux chapitres sont, selon nous, ceux consacrés à l’Écriture Sainte, aux figures de Caïn et de Cham notamment, les authentiques pères spirituels de la judéo-maçonnerie actuelle dont la lignée vicieuse aura tout au long de l’histoire humaine engendré des peuples profondément corrompus, disciples aveuglés de cultes religieux sordides plus ou moins obscènes (Babyloniens, Égyptiens, Chananéens…) où le Serpent est omniprésent, et où le sang humain coule en permanence (lire et relire à ce sujet le magnifique Traité du Saint Esprit de Monseigneur Gaume). Les passages suivants consacrés au Peuple Élu et à sa corruption progressive qui aboutira à un incroyable retournement spirituel sont remarquables. Les Juifs sont en effet devenus les agents de Lucifer, cela est indéniable et la démonstration de l’auteur est imparable :«?Je ne reconnais, écrira Moïse Mendelssohn, dans sa préface à sa traduction allemande du Pentateuque, je ne reconnais d’autres vérités éternelles que celles qui peuvent non seulement être conçues, mais encore être établies et avérées par la raison humaine. Seule une fausse notion du judaïsme pourrait faire supposer qu’il me faut m’écarter de la religion de mes pères pour avancer une telle affirmation ; j’estime bien plutôt qu’elle réside précisément la principale différence qui la sépare du christianisme.«?D’après Darmstetter, Iahveh ne sera plus pour les Juifs le Nom Incommunicable environné des éclairs du Sinaï, mais seulement «?leur propre conscience projeté au ciel, l’apothéose de l’âme humaine.?» (p. 142).Les Juifs sont en effet devenus ce qu’ils combattirent sans cesse dans l’Ancien Testament (nous pensons surtout à leur élite occulte) : à savoir des païens dégénérés et impitoyables, véritables hommes-Dieu n’aspirant qu’à être divinisés par des foules abruties, elles-mêmes soumises à des croyances aberrantes et dégradantes (c’est le polythéisme réservé aux profanes, le culte des idoles qui de nos jours semblent être de plus en plus remis au goût du jour par le biais notamment d’une ingénierie sociale et d’un contrôle de l’esprit que l’on peut aisément et justement qualifier de diaboliques). Le Mamonisme est très bien étudié par l’auteur. Il n’hésite d’ailleurs pas à admonester les chrétiens qui s’y adonnèrent, surtout à l’époque du libéralisme triomphant. Mais c’est l’esprit juif en général qui est livré au jugement impartial de l’auteur ; cet esprit qui, comme toute véritable force subversive utilisée par le Malin, opère de manière dialectique, enfermant les esprits dans une sorte de tenaille spirituelle pour mieux les broyer, créant ainsi une véritable armée de détraqués mentaux extrêmement intelligents et fanatiques à la solde de la Contre-Église. En effet de même qu’en Maçonnerie les puissants courants dits «?rationalistes?» s’opposent parfois avec plus ou moins de véhémence aux courants dits «?mystiques?» (qui sont à n’en point douter les plus puissants), il en va de même bien entendu pour les Juifs. Mais ces oppositions sont superficielles et forment un tout chaotique et structuré, contradictoire en apparence mais en même temps profondément cohérent :«?Pour conquérir cet empire du fonds de ses ghettos où il s’est volontairement emmuré, afin de garder cette Loi pure de toute souillure, Israël enverra deux sortes de missionnaires, qui seront chargés chacun dans leur ordre, de séparer ce que le Christ avait uni, le corps et l’âme de la société chrétienne. Tandis que ses savants opérèrent les transmutations des valeurs religieuses, ses changeurs se livreront à la même alchimie pour les valeurs économiques.?» (p. 139).James Darmstetter, Edmund Fleg, André Spire, Elie Eberlin ou encore Kadmi Cohen, c’est à des auteurs juifs de haute tenue que Robert Vallery-Radot fait référence pour donner de la consistance à sa réflexion déjà très inspirée. Le sionisme est également livré au jugement de l’auteur, considéré pour le coup avec une certaine bienveillance (que nous nous permettrons de qualifier d’assez naïve), alors qu’à l’époque, cette funeste force historique inquiétait déjà fort logiquement les esprits les plus lucides comme par exemple Jacques Bainville. Il n’hésite pas non plus à recadrer au passage le dirigeant national-socialiste Alfred Rosenberg et son antichristianisme rabique (le lecteur nous pardonnera ce jeu de mot involontaire).Une pensée juste et profonde, exprimée et articulée remarquablement fait donc de ce livre une sorte de référence en la matière. Le mot de la fin sera pour l’auteur :«?La lutte est avant tout d’ordre spirituel. C’est réellement pour ceux qui croient, mythiquement pour les rationalistes, la lutte de l’Antéchrist et du Christ. Que l’Antéchrist s’incarne ou cherche à s’incarner de préférence dans la race des Promesses, en haine de son élection surnaturelle, je le crois, et des faits puissants nous le montrent. Mais le Juif n’est pas le Mal en soi. Le prétendre est un conte de bonne femme, une histoire de loup-garou. Il n’est – et c’est déjà redoutable – que l’instrument préféré d’un Esprit plus puissant que lui.?» (p. 233-234). I. C., dans Lectures Françaises n° 802 (février 2024)