Le calvaire du ministre plénipotentiaire et ancien ambassadeur René Moreau, capturé en violation d'engagements pris par Hô Chi Minh.
En 1946, en mission consulaire à Vinh, localité du Nord-Annam, René Moreau, alors administrateur de la France d'outre-mer est pris en otage et va partager le sort d'une centaine de Français traînés en déportation après l'insurrection vietminh du 19 décembre. En 1952, à marches forcées, pieds-nus sur 800 kilomètres de jungle, il est poussé jusque dans les camps d'internement Nord Tonkin. Sa survie tient du prodige chez ce captif, le seul qu'on appelait "Monsieur".
Dans "8 ans otage chez les Viets", René Moreau fait le récit de cet héroïque et douloureux périple qui ne s'achèvera qu'en août 1954 en vertu du cessez-le-feu qui a suivi le désastre de Diên Biên Phu. Des dizaines de milliers de jeunes Français, civils et militaires, internés dans les camps, fort peu reviendront ; les séquelles de cette abominable captivité allaient d'ailleurs emporter prématurément nombre d'entre eux parmi lesquels René Moreau lui-même et l'écrivain-combattant Erwan Bergot qui, dans la préface de cet ouvrage, résumait son enqaqernent : "Non ! Jamais je n'oublierai".
Le témoignage de René Moreau est, en effet, historique, à travers mille détails du quotidien comme de l'essentiel , avec la description du dessein hégémonique et des méthodes dégradantes d'une barbarie moderne qui devait d'ailleurs succomber, quarante ans plus tard, de ses propres excès derrière le rideau de fer.
L'otage rescapé d'une telle épreuve nous a légué - avec le souvenir de sa trempe et de son coeur - l'exemple d'un amour que n'ont jamais pu entamer les manipulations de la haine et qui rencontre, aujourd'hui, une signification renforcée dans le renouveau des relations de la France avec les pays de l'ancienne Indochine.
Un grand et beau livre couronné par le prix Vauban décerné par l'IHEDN et le prix Pavie de l'Académie des Sciences d'outre-mer. Ch. Jeantelot ancien ambassadeur, ancien interné des camps vietminhs n° 1 et 113.
René Moreau, disparu en 1984, ministre plénipotentiaire et ancien ambassadeur, était le fils de l'amiral Jacques Moreau, préfet maritime à Alger au moment du débarquement américain en 1942.