Les "non-conformistes des années 30" appartiennent aujourd'hui à l'historiographie politique et intellectuelle de la France du XXe siècle. Cette nébuleuse de jeunes intellectuels "personnalistes", qui, dans les années 1930-1934, eurent l'ambition de renouveler la façon de poser les problèmes politiques et sociaux du XXe siècle, s'organisa autour de trois courants : Esprit, l' Ordre nouveau et ce que Mounier qualifiait de Jeune Droite, en désignant par là un ensemble de jeunes revues apparues aux marges de l'Action française. Si l'histoire de l'émergence de ces groupes dans les années 1930-1934 est relativement connue, il n'en est pas toujours de même pour leur histoire, avant et, surtout, après ce tournant des années 30, particulièrement entre 1935 et 1940 et dans les années 40. Pour Esprit, on dispose, avec l'ouvrage que lui a consacré Michel Winock, d'une synthèse assez complète, retraçant son histoire, de sa fondation en 1932 à la disparition d'Emmanuel Mounier en 1950. En revanche, si les recherches de Christian Roy apportent des informations précieuses sur la genèse de l'Ordre nouveau, l'histoire d'ensemble de ce mouvement reste encore à écrire. La situation était un peu analogue pour la Jeune Droite, malgré un certain nombre de travaux ponctuels, comme ceux de Véronique Chavagnac sur Jean de Fabrègues ou le livre d'Étienne de Montety sur Thierry Maulnier. C'est cette lacune que vient de combler avec talent l'ouvrage de Nicolas Kessler.
Jean-Louis Loubet del Bayle
Né en 1969, Nicolas Kessler est agrégé et docteur en histoire. Spécialiste de l'histoire des idées politiques, il a notamment publié un essai sur le conservatisme américain (PUF, 1998).