Lorsque le 28 juin 1914, l'archiduc François-Ferdinand de Habsbourg, héritier au trône d'Autriche-Hongrie, et sa femme Sofia meurent à Sarajevo sous les balles de Gavrilo Princip, personne n'aurait pu imaginer les conséquences d'un tel assassinat.
La guerre déclenchée par l'attentat de Sarajevo sera un événement historique sans précédent, tant par son extension (une vingtaine de pays sont engagés) que par l'ampleur des moyens militaires et de la mobilisation en hommes et en matériels (70 millions de soldats) mais aussi par l'importance du sacrifice (9 millions de morts parmi les combattants).
À maints égards, cette première guerre de masse se présentera sous un visage tout à fait différent des conflits du XIXe siècle : non seulement les pays belligérants devront recourir, pour la première fois, à l'enrôlement de tous les hommes valides, mais l'énorme déploiement des armées s'accompagnera, entre 1914 et 1918, d'un renforcement du poids politique des généraux et suscitera de profondes mutations dans les structures sociales et économiques. Le progrès, par ailleurs, a rendu la technologie plus destructrice : le conflit se transporte désormais dans les airs et sur les mers, les armées sont encadrées par les premiers chars d'assaut, des cuirassés propulsés par la force de la vapeur, des canons lourds et des gaz toxiques.
La physionomie d'un bon nombre des puissances qui s'affrontent se trouvera, à la fin du conflit, radicalement modifiée. Des États monarchiques deviendront des républiques, des peuples feront l'expérience de la révolution bolchevique, des empires supranationaux seront rayés de la carte européenne.
Mais la "Grande Guerre" restera aussi un événement irrésolu. Un événement destiné, avec le poids des contradictions qu'il laissera en héritage à l'Europe, à préparer un second conflit, plus terrible encore, de portée mondiale.