Extraordinairement moderne !
5/5 Plaisir de Lire .
.----. Présentation rédigée à partir d'un volume titré uniquement "M.A." dans la col. Livre de vie en 1961 :
Thérèse de Lisieux intitule ainsi son manuscrit :
"Histoire printanière d'une petite fleur blanche".
"J'ai compris, écrit-elle, que si toutes les petites fleurs voulaient être des roses, la nature perdrait sa parure printanière"... "destinée à réjouir les regards du bon Dieu lorsqu'il les abaisse à ses pieds".
Paroles de grande sagesse et humilité mais dont le style début du siècle peut tromper sur celle que la piété populaire nomma la "petite " Thérèse . Thérèse fut en réalité une grande sainte et il est bon de se rappeler que dans l'angoisse de ses dernières années, elle signait : "Thérèse de la Sainte Face". Rien là de la douceur sucrée de ses statues aux mains pleines de roses...
Entrée à 15 ans au Carmel de Lisieux qu'elle dit avoir "conquis à la pointe de l'épée", Thérèse n'était déjà plus une enfant par la profondeur de sa vie spirituelle et son absence d'illusions sur ce qu'allait être sa vie de cloitrée . Ne venait-elle pas de prendre en charge la destinée de Pranzini l('assassin condamné à mort ? Sa démarche n'est pas celle d'une "petite" carmélite et son extrême humilité ne doit pas nous tromper . Son nom de "Thérèse de l'Enfant Jésus" témoigne de ce qu'elle ne voulait être qu'une "petite balle" pour les jeux de l'Enfant Dieu.
Elle ne fut pas petite mais elle se voulut petite, ce qui est très différent, s'attachant par cette "petite voie" qu'elle enseignait aux novices du Carmel, à ne négliger aucune occasion de sacrifice et d'offrande, dans le devoir d'état en particulier .
Les manuscrits publiés au "Livre de Vie" sont ceux que révéla au public, en 1956, l'Office Central de Lisieux . Ils sont rigoureusement authentiques . Jusque là n'existait que "l'Histoire d'une âme" composée en 1898 par Pauline, sœur de Thérèse et prieure du Carmel sous le nom de Mère Agnès de Jésus, à partir de ces mêmes manuscrits qu'elle corrigea et présenta dans le goût de l'époque .
Le texte que nous avons ici est donc celui que Thérèse écrivit elle-même avec ses étranges mots en italiques, ses majuscules, sa fantaisie propre, sans retouche . Il n'en est que plus vivant et touchant .
Nous y voyons neuf années au Carmel de Lisieux, riches d'épreuves intimes, incroyablement dures si l'on songe à la jeunesse et à la grande sensibilité de Thérèse mais toutes vibrantes d'amour et de la joie du don parfait . Nous y découvrons des périodes de doutes lancinants qui deviennent une "nuit" angoissante coupée des plus hautes consolations mais qui persistera jusqu'aux dernières heures . Une très pénible maladie et des souffrances aigües offertes jusqu'au bout pour les pécheurs, les missionnaires, les prêtres . Les prêtres surtout, tant elle redoutait leurs défaillances...
Elle nous apparaît alors extraordinairement moderne, cette jeune cloitrée qui parcourt le monde en pensée et soutient les missionnaires de ses prières . Lorsqu'elle forme ses novices à sa méthode toute simple de prière et de vie spirituelle, comme elle est proche de nous et nous encourage au travail quotidien, au devoir gentiment rempli, aux petites offrandes de chaque instant, et à la gaité !
A croire qu'il est facile de suivre sa "petite voie" et tout simple de devenir saint !
Et comme nous comprenons la ferveur populaire, à travers le monde entier, envers celle qui promettait de "passer son Ciel à faire du bien sur la terre" !
Elle est une des trois patronnes de la France . Que les jeunes s'en souviennent en lisant ces manuscrits d'une sainte de moins de 25 ans, plongée comme nous dans les angoisses et les espoirs du temps présent qui mourut dans un cri d'amour envers le Seigneur .
A partir de 16 ans pour les lecteurs habitués aux livres spirituels, 18 ans pour les autres. [ " Plaisir de Lire " , numéro 22 , Pâques 1973 ]