Faire l'histoire des hérésies n'est rien d'autre que retracer, en négatif, l'histoire de la Foi. Pendant plusieurs centaines d'années, l'héritage des disciples de Jésus s'est structuré peu à peu en articles de foi selon une logique complexe. Des textes furent érigés en Écriture, devenant un Nouveau Testament unifié alors que la Bible juive regroupait quantité de textes d'époque et d'origine différentes. Des dogmes s'élevèrent lentement, murailles de pensée dont la formulation était rendue nécessaire par des interprétations nouvelles, par des choix cruciaux entre des options très différentes et incompatibles, mais aussi imposées par l'Histoire.
Il ne nous appartient pas ici de dire si ces inflexions, ces redéfinitions, cette exégèse ont été ou non inspirés. En revanche, au cours des premiers siècles de l'Église, on a vu des affirmations jusque là autorisées devenir suspectes. Dès que l'ordre renaît au IXe siècle, on voit les contestations se succéder pendant cinq siècles jusqu'à briser la chrétienté en plusieurs tronçons à partir du XVIe siècle. Pourquoi ces hérésies nouvelles ?
Pierre de Meuse nous retrace la longue histoire des hérésies, depuis les toutes premières précédant Constantin jusqu'à celles du XVè siècle. Nous découvrirons successivement Simion le magicien, les Marcionites, le Montanisme, les Gnoses, le Manichéisme, le Pélagianisme, l'Origénisme, puis les grandes hérésies médiévales : le Catharisme, le millénarisme de Joaquim de Flore, Guillaume d'Occam, les Béguins, et enfin les hérésies qui annoncèrent la Réforme luthérienne : les Lollards, les Hussites et Savanarole de Florence.
Une étude remarquable, excellemment documentée, qui permet au lecteur de mieux comprendre l'histoire complexe du Christianisme !
Pierre de Meuse est Docteur en Droit et ancien élève de Science-Po. Passionné d'histoire des religions, il est l'auteur de l'ouvrage L'Église et les Cathares.