L'oeuvre principale de Grégoire de Tours, reflet des événements qu'il a vécus au plus près, reste sans conteste son Histoire des Francs. Il en entreprit la rédaction après sa nomination au diocèse de Tours et acheva son récit en 591, au soir de sa vie. La chronique, divisée en dix livres ou chapitres, couvre les règnes des rois mérovingiens, de Clovis à Clotaire II. Grégoire de Tours ne se contente pas d'y exposer les faits politiques dont il fut le témoin, et parfois l'acteur ; il y défend également les intérêts des gens du peuple opprimés par les impôts et les guerres, prend position en faveur de l'Eglise catholique contre les ariens, des rois d'Austrasie contre ceux de Neustrie. Le récit des faits dont il fut le contemporain (surtout à partir du 5e livre), gagne en vivacité et fourmille d'anecdotes, notamment de calamités naturelles, épidémies, séismes, ou encore de la grande sécheresse de l'été 591 qu'il narre à la fin de sa chronique. Sa conclusion fait office de testament. Grégoire de Tours y récapitule les faits, donne la liste et les biographies des évêques de Tours, de Gatien lui-même, et prie le lecteur, avec une grande humilité quant à son style, de ne pas détruire ni réécrire son oeuvre. Fort heureusement, sa chronique a traversé les siècles sans devenir désuète. L'intérêt pour ce texte unique ne s'est d'ailleurs jamais démenti et a valu à son auteur le titre mérité de "Père de l'Histoire de France".
Grégoire de Tours naquit en Auvergne le 30 novembre 539 et reçut les prénoms de son grand-père et de son père, Georgius Florentius. Ce fut seulement lorsqu'il parvint à l'évêché de Tours qu'il pris le nom le plus célèbre de ses ancêtres, Saint Grégoire, son bisaïeul, comte et évêque de Langres. Son illustre lignage ne pouvait du reste le destiner qu'au service de l'Eglise. Son père, sénateur d'Auvergne, mourrut lorsque Grégoire n'avait que dix ans. Sa mère, Armentaria, une femme pieuse descendante d'un martyr de Lyon, se voua avec passion à l'éducation de son fils. Elle sut lui transmettre sa foi et le confiat aux soins de son oncle Saint Gal, évêque d'Auvergne, qui lui inspira le goût de l'étude et des livres.
Ses origines, sa foi, son talent oratoire, en des temps troublés par les querelles de succession des rois francs, firent de ce digne successeur de saint Martin l'une des figures majeures de son temps. Il fut en même temps évêque de Tours, l'éminante métropole religieuse des Gaules, habile médiateur dans les affaires des héritiers de Clovis, et le seul chroniqueur dont l'oeuvre ait éclairé cette obscure époque.
Son témoignage sur la société mérovingienne et l'Eglise des premiers siècles demeure une référence incontournable pour les historiens.