Il y a tout juste neuf siècles, le pape Urbain II lançait l'appel à la croisade qui allait jeter sur les routes de l'Orient des dizaines de milliers d'hommes venus de toute l'Europe. Le prix de cette première expédition fut lourd à payer pour la chrétienté, mais l'expansion turque était arrêtée, Constantinople dégagée, et le Saint-Sépulcre échappait aux Infidèles. Dès lors, les croisades eurent un autre objectif : la défense de ces Etats latins, chargés de souvenirs bibliques, où affluaient les pélerins d'Occident.
Les premières défaites des chrétiens n'ébranlèrent pas le zèle pour la Terre sainte. Vague après vague, les pèlerins, attirés par les privilèges spirituels attachés à la délivrance des Lieux saints, continuaient à répondre aux appels des papes. Le mouvement s'intensifia quand Jérusalem tomba aux mains de Saladin, en 1187. La chrétienté réagit alors avec vigueur. Une des croisades toutefois dévia de sa route, et les croisés, "mettant Dieu en oubli", pillèrent Constantinople. Bientôt, Innocent annonçait une nouvelle croisade ; elle devait ouvrir la voie à la diplomatie et permettre à Frédéric II de se faire couronner à Jérusalem roi d'un royaume qui fut peu à peu reconstitué. Mais les répercussions de la conquête de l'Iran par les Mongols et un renversement d'alliances firent reperdre la Ville sainte. C'est à ce moment que Saint Louis décidait de se croiser. Malgré l'échec de sa campagne d'Egypte, des établissements francs se maintenaient. Cette fois, les Mongols eux-mêmes arrivaient. Une autre forme de croisade s'esquissa, qui ne put empêcher les dernières places franques de tomber. Désormais, le but de la croisade serait d'assurer la défense du monde chrétien face à l'expansion des Turcs. Epopée exaltant la foi et l'héroïsme pour les uns, temps de ténèbres pour les autres, les croisades ont bien été l'un des épisodes majeurs de l'histoire du monde. Au-delà de toute polémique, Jean Richard nous livre un récit magistral de cette aventure qui, deux siècles durant, mit en contact les Occidentaux avec l'Orient et leur ouvrit la connaissance des autres.
Jean Richard, membre de l'Institut, est l'un des meilleurs connaisseurs de l'Orient latin sur lequel il a publié de nombreux travaux. Il est aussi l'auteur d'une biographie de Saint Louis.