Pour mieux comprendre le déroulement des conclaves !
5/5 Una Voce - N° 291 Mai juin 2013
Je recommande vivement le récent livre d'Yves Chiron. On peut le lire comme une histoire de l'Église (et même de l'Europe) vue sous un angle particulier ; ou bien, grâce à l'Index, y puiser un renseignement sur tel ou tel pape, tel ou tel cardinal. Les anecdotes sont multiples. La bibliographie est solide. On suit, dans les premiers siècles, la mise en place progressive de règlements encadrant l'élection du pape. Le lieu de l'élection nous surprend parfois (Naples deux fois; Anagni une fois, cinquante ans avant Boniface VIII ; Carpentras, où fut élu le Quercynois Jacques Duèse... ).
En 1271, après la plus longue vacance de l'histoire (trois ans), il ne fallut pas moins que l'intervention d'un futur saint (Bonaventure, non encore cardinal) pour dénouer la crise; il suggéra l'élection "par compromis", chacun des deux partis en présence déléguant trois cardinaux; les six s'entendirent sur le nom d'un clerc important (il était en Terre Sainte pour soutenir la croisade), mais qui n'était pas prêtre (on connaît beaucoup de diacres élus papes, et ordonnés aussitôt), Tebaldo Visconti (Grégoire X). Puis vint Célestin V, le pape démissionnaire, en 1294, puis les papes d'Avignon, puis le grand Schisme d'Occident... Yves Chiron ne laisse passer aucune des calomnies et légendes qui entourent l'élection du pape .
La dernière concernait l'élection de Pie XII "à l'unanimité", La publication des Carnets du cardinal Baudrillart, en 1996, y a mis fin : Pie XII (à qui beaucoup de cardinaux italiens étaient hostiles) rata d'une voix son élection au second tour (40 voix), et fut élu par 48 voix sur 62 au troisième. Yves Chiron donne également les chiffres précis pour l'élection de Benoît XVI, puisqu'un cardinal anonyme a trahi le secret quelques mois après. Même si les chefs d'État n'interviennent plus par des veto dans l'élection, il y a bien entendu des conciliabules et pressions avant chaque conclave.
Aujourd 'hui, c'est plutôt par des publications, interviews (fausses ou arrangées), déclarations, que l'on agit. Triste épisode, et qui n'est pas plus à l'honneur du Père Congar que sa façon de compisser les murs du Saint-Office (dont il se flatte dans ses Carnets, comme un gamin immature) : à la mort de Paul VI, il s'acoquina avec son compère Chenu et divers théologiens condamnés, Schillebeeckx, Guttierez et Küng, pour tenter de faire pression par un manifeste qui parut en allemand, en anglais et en français "Le pape que nous souhaitons") . Yves Chiron sait que je ne partage p as son respect pour Louis Canet (1883 -1958) qui fut le vaticanologue des gouvernements de la Troisième République de 1920 à 1940. C'était un janséniste gallican égaré au xx" siècle, pour qui une seule chose comptait : que l'Église en France dépende le moins possible de Rome .
Quand il écrit à Poincaré, en janvier 1922 : "L'élection la plus souhaitable est celle du cardinal Ratti, archevêque de Milan" , il se trompe lourdement, car il croit ainsi éviter un pape anti-libéral, éviter un pape favorable aux ultramontains", Or le cardinal Ratti aussitôt élu choisit de s'appeler Pie XI par référence à Pie IX et à Pie X, et il sera parfaitement anti-libéral. (La condamnation de l'Action française ne dément nullement cette orientation : Pie XI ne supportait pas qu'une fraction des catholiques français fit preuve d'indépendance à son égard) .Mais il faut lire dans l'ouvrage de Chiron les sept pages sur cette élection de Pie XI : en quatorze tours, avec rebondissements jusqu'au dernier moment (la rumeur selon laquelle Tacci, l'ancien nonce à Bruxelles, était élu). C'est un des épisodes les mieux enlevés de ce livre passionnant.
<p align="right"> Benoît Le Roux <a href= http://www.unavoce.fr target=_blank> www.unavoce.fr </a>
Aucun aspect n'échappe à l'auteur !
5/5 L'entente Catholique de Bretagne N 207
Voici un livre qui vient à point, puisque l'attention a été tournée de nouveau vers la Chapelle Sixtine ferméé à clé ( cum clave ), et le livre d'Yves Chiron, grand spécialiste de l'histoire des papes ( voir ses PIE IX, PIE X, PIE XI, son PAUL VI et plus recemment URBAIN V le bienheureux ), nous révèle que le cardinal Bergolio avait déjà eu beaucoup de voix au conclave de 2005.
Aucun aspect n'échappe à l'auteur, ni les cooptations ou élections CUM POPULO des premiers siècles, ni celle de saint Fabien sur qui se posa une colombe en 236, ni les élections disputées au point de donner naissance à des schismes (ou, pire, l'élection vite acquise d'Urbain VI, abandonné ensuite par les cardinaux, d'où le grand schisme d'Occident).
Yves Chiron accorde avec raison toute son attention au Motu proprio INGRAVESCENTEM AETATEM de Paul VI, qui priva de conclave les cardinaux de plus de 80 ans. Il en attribue la responsabilité au cardinal Villot, Secrétaire d'Etat. Il note que Jean-Paul II a personnellement refusé que cette règle figurât dans le Code de Droit canonique de 1983, elle peut donc très facilement être supprimée.
<p align="right">Bernard de Kerraoul (L'ENTENTE CATHOLIQUE DE BRETAGNE 1 rue Charles Le Goffic 22000 Saint-Brieuc)