Réimpression de l'édition de 1949. Pour bien connaître l'époque contemporaine, il ne faut pas oublier l'AF qui a été un des plus grands mouvements du début du XXe siècle et qui a formé de nombreux intellectuels. Cet ouvrage fit un large tour d'horizon. « En 1949, était parue (chez un « petit » éditeur peu connu, Fournier-Valdès) une Histoire de l'Action française des origines à 1975, écrite par deux militants et acteurs directs du mouvement royaliste, Lazare de Gérin-Ricard et Louis Truc. L'ouvrage devint rapidement un « classique », mais fut tout aussi rapidement épuisé et n'avait jamais été réédité depuis cette date. Il vient d'être réimprimé, ce qui permet, avec le recul, 70 ans plus tard, de mesurer et d'apprécier tout «érêt de cette histoire, échafaudée comme un roman d'aventures, qui se veut d'abord politique et militante (...) Quelque peu hagiographique et non dénuée de parti pris, elle ne peut prétendre être autre chose qu'un témoignage, un document pour servir l'histoire. Toutefois, reconnaissons rétrospectivement son utilité consistant à dédouaner Maurras, une fois encore (il faut le répéter incessamment), de sa prétendue et infamante « intelligence avec l'ennemi », qui a pu accréditer la thèse éminemment contestables des racines maurrassiennes du fascisme hitlero-mussolinien (...) On signalera l'intéressant appareil iconographique qui agrémente l'ouvrage (non comprise lors de sa première édition) de scènes marquantes ou plus anecdotiques de la vie d'AF ». Ces propos sont repris de l'article d'Aristide Leucate, dans le n° 2891 (1er août au 3 septembre 2014) de notre confrère L'Action Française (10 rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 Paris) qui achève ainsi sa recension : « Non sans une certaine émotion, le livre s'achève sur la reproduction de la une d'Aspects de la France assénant « Maurras est mort ». La fin d'une époque. Celle qui donna à la France du XXe siècle la plus prestigieuse école de pensée de son temps et à celle du XXIe un patrimoine littéraire et doctrinal à entretenir par un enseignement toujours renouvelé. Un riche passé intellectuel au service d'une promesse politique » (Editions Déterna, 2014). Pour notre part, il nous semble intéressant de dire quelques mots des deux auteurs du livre, bien oubliés et méconnus de nos jours (les renseignements que nous donnons sont extraits du toujours très précieux Dictionnaire de la politique française, d'Henry Coston, le fondateur de notre revue sœur Lectures françaises). Lazare de Gérin-Ricard de Valdonne (1907-1978) était provençal et joua un rôle déterminant chez les Etudiants d'Action Française et les Camelots du Roi, à Marseille (1923-1928). En 1930, Maurras l'ayant appelé auprès de lui, il fit ses débuts au quotidien L'Action Française, tout en travaillant au secrétariat personnel du doctrinaire monarchiste et collabora à plusieurs journaux. Puis, auprès de Jacques Bainville et de Henri Massis, il tint une place importante à la Revue Universelle jusqu'à la veille de la guerre. Le gouvernement du maréchal Pétain le nomma secrétaire général de la radio pour la zone libre (il échappa aux rigueurs de l'épuration en raison d'une grave maladie qui l'a contraint à prendre un congé de très longue durée à partir de 1942). Nous nous permettons de poser une question à Aristide Leucate qui, dans sa recension, mentionne : « L. de Gérin-Ricard avait vingt et un ans lorsqu'il corédigea cet opus ». Or si la date de sa naissance indiquée par Coston est exacte, Gérin-Ricard était âgé d'une quarantaine d'années à l'époque de la rédaction du livre ! Une précision à ce sujet nous rendrait service. Louis Truc, lui aussi était provençal, né dans le Var, en 1904. Journaliste, il travailla à diverses publications avant la guerre et fut, ensuite, chroniqueur judiciaire à Rivarol, sous le pseudonyme de Sacher Basoche (à partir de 1952). Il collabora également à Aspects de la France, où il signait Ange Pitou des papiers mordants. Parallèlement il publia plusieurs ouvrages de polémique et d'histoire. Membre de l'Association de la Presse monarchique et catholique des départements, ainsi que de l'Académie du Var, il mourut en 1973. Il fit un séjour de quelques semaines dans les geôles de Fresnes en 1945. A ce titre, Léon Arnoux lui a consacré une place dans son livre L'Épuration et les poètes (Ed. de Chiré, 2013). Son père était Gonzague Truc, lui aussi écrivain et journaliste réputé (1877-1972). Ses diverses collaborations à plusieurs publications littéraires l'ont désigné comme l'un des grands critiques français de tendance traditionaliste et son œuvre propre compte une soixantaine de titres. » Jérôme Seguin, dans Lecture et Tradition (nouvelle série) n° 48 (avril 2015)