La nuit où Hambourg brûla
"L'horreur atteint son paroxysme ; la souffrance dépasse les limites admises. Comment blâmer les êtres qui frappent aveuglément leurs voisins ? Dans les moments de détresse, chacun se bat pour sauver sa famille, mais quand la catastrophe échappe à toute compréhension, chacun revient à l'instinct animal et ne lutte plus que pour soi.
En cette nuit épouvantable, les instants d'horreur sont innombrables. Le vent arrache des enfants à leurs parents et les précipite dans le brasier. Des adultes, renversés, enfoncent leurs doigts dans le macadam pâteux pour ne pas être emportés, eux aussi, vers l'immense four crématoire. L'ouragan soulève des autos et des camions. Des toitures entières s'envolent dans un tourbillon de feu. Des langues de feu passent au-dessus de la tête de fuyards et, sans les toucher, les font flamber."
Objectif Tokyo
"Sous l'empire de la frayeur, rendus fous par la chaleur terrible qui les fauche, pris de démence au spectacle des corps enflammés comme des torches, les humains se muent en bêtes féroces et frappent, cognent et mordent les pompiers. Avec une force décuplée par la peur, ils arrachent les hommes de leurs véhicules, tandis que l'incendie furieux progresse. Les camions s'en vont en zigzagant, conduits par des chauffeurs forcenés. Et, avant d'aller percuter les pans de murs ou les débris brûlants, renversent et écrasent d'autres malheureux fuyards.
Le mur de feu qui se dresse a coupé les accès au fleuve. Le vent souffle en tous sens, et le feu sort en vagues d'immeubles qui paraissaient intact une minute avant. Les flammes, rampant aux deux extrémités d'une rue, menacent en son milieu des centaines d'êtres figés d'horreur. Tout à coup, les maisons s'embrasent et la rue toute entière n'est plus qu'une mer de flammes. Aucune retraite n'est possible. Partout, des immeubles s'effondrent sous les pluies de bombes. Le feu bondit de toutes parts."