Métaphysicien et poète, auteur d'une œuvre philosophique que sa force et son originalité mettent au premier rang, Gustave Thibon est pourtant moins connu en France que dans les pays de langue anglaise ou espagnole, où son importance a été reconnue dès le milieu du XXe siècle. Ce paradoxe a diverses raisons, que ce Dossier H se propose d'examiner.
Son amitié pour Simone Weil, qu'il a recueillie chez lui pendant la guerre et qu'il a fait connaître au monde en publiant en 1947 La Pesanteur et la Grâce, une anthologie des cahiers qu'elle lui avait laissés, a sans doute contribué à éclipser son oeuvre propre, aux yeux de la critique sinon du public. D'autre part, l'indépendance de son esprit et la souveraineté de sa réflexion, le fait qu'il ait acquis, seul, en très peu de temps, une prodigieuse culture, sans passer par l'universalité, et qu'il n'ait jamais abandonné ses racines ardéchoises pour Paris (bien qu'il ait passé sa vie à sillonner le monde pour donner des conférences), ont contribué aussi à cette relative ignorance de la part des intellectuels de profession.
Ce Dossier H se présente comme la première synthèse d'envergure sur une oeuvre trop mal connue ou sous-estimée, en éclairant les multiples facettes d'un homme qui a toujours souhaité que sa parole s'adresse à tous, auditeurs ou lecteurs de bonne foi.
Textes inédits, articles, correspondance, poèmes, témoignages... Ce Dossier H, dirigé par Philippe Barthelet, qui s'est également occupé des Dossiers Ernst Jünger et Joseph de Maistre, se propose de faire découvrir, dix ans après la mort de Gustave Thibon, cette œuvre magistrale et méconnue enfin débarrassée des contresens et des clichés réducteurs.