Leçon du silence !
5/5 Politique Magazine .
.----. Parler de Gustave Thibon est difficile, voire impossible. Il est, en lui-même, dans sa pensée, dans son existence, le contraire absolu de la vulgate de la pensée contemporaine, pas simplement la matérialiste, l'hédoniste, mais même la chrétienne. Sa pensée se cristallise sur des points fixes où se rencontrent la politique et la mystique, la vie sociale et la théologie, l'amour et la métaphysique de la personne, la poésie et l'ontologie, à l'opposé de toutes les fausses conceptions modernes. C'est littéralement vertigineux et Thibon a vécu de ce vertige et dans ce vertige, à la lettre même, car il exprimait ces visions vertigineuses de la manière à la fois la plus simple et la plus ardue dans la nudité poétique de son style. Tout ce qu'il dit, écrit, est d'abord pensé dans le plus intime de la lumière de son âme. La poésie de la création et de la rédemption, de la vie et de la mort, de la rupture et de l'unité, de la parole et du silence, du Verbe et du non-dit était devenue sa nourriture quotidienne, son être même, sous le soleil noir de la nuit obscure de la foi, à la manière de la grande Simone Weil, son amie, du sublime Jean de la Croix, son confident à travers les siècles. Raphaël Debaillac a su nous offrir cette " leçon du silence " et c'était la plus belle et la plus noble des gageures : il a su s'effacer derrière son auteur qu'il met en valeur par le simple choix de ses plus profondes réflexions [ Politique Magazine, numéro 137 - février 2015 ]