Dans l'histoire de la guerre d'Indochine qui se prolonge depuis 1946, l'année 1950 marque un tournant. À la suite du désastre de la RC 4, le repli des troupes franco-vietnamiennes vers le delta du Fleuve Rouge permet au Viêt-Minh, armé par la Chine, d'étendre son emprise idéologique et militaire sur les peuples de la Haute Région indochinoise. Certaines minorités ethniques de la montagne s'organisent alors en foyers de résistance. Au Tonkin et au Nord-Laos, ces minorités sont aidées dans leur lutte par le Groupement de commandos mixtes aéroportés, ce GCMA qui n'est autre que la branche Action des services spéciaux français et dont l'une des missions consiste à promouvoir et à soutenir le développement des maquis autochtones sur les arrières Viet-Minh. C'est le départ d'une formidable aventure pour ces jeunes officiers et sous-officiers parachutistes qui vont mener la contre-guérilla au côté des partisans qu'ils ont armés et formés. Dès 1953, plus de 10 000 montagnards s'opposent aux forces de Giap qui, d'abord contraint de faire appel à des troupes chinoises, doit ensuite engager plusieurs bataillons réguliers dans ce que le Viêt-Minh appelle "le front de guerre contre les pirates". À l'issue des accords de Genève, en 1954, les maquis du Tonkin seront submergés mais, au Laos, les partisans poursuivront la résistance.
Du fait du caractère secret des opérations, l'histoire des maquis d'Indochine est longtemps demeurée dans l'ombre. La propagande Viêt-Minh elle-même l'a occultée, ne pouvant tolérer l'existence de mouvements populaires de résistance sur un territoire prétendument contrôlé. Il aura fallu l'étude et le recoupement de très nombreuses sources écrites et orales pour que soit ici retracée, jusqu'en ses moindres détails, cette histoire d'une guerre non conventionnelle dont les principes et les méthodes se sont révélés particulièrement adaptés au contexte indochinois.
Cet ouvrage est le fruit d'une thèse de doctorat soutenue en juillet 2001 devant la faculté d'histoire de Montpellier et récompensée par une mention "très honorable" à l'unanimité du jury. À ce titre, Guerre Secrète en Indochine fait figure de référence incontournable.
Né en 1953, le lieutenant-colonel Michel David est issu de l'Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr. Officier d'infanterie, il sert dans plusieurs régiments en métropole et acquiert, en 1983, au Liban, une expérience opérationnelle. Il consacre la suite de sa carrière à la formation des jeunes cadres de l'armée française. En 1995, il prend la direction du département Histoire-Géographie aux Écoles de Saint-Cyr-Coëtquidan. Depuis 1999. il est à la tête de la division "Enseignement général et perfectionnement" de l'École nationale des sous-officiers d'active de Saint-Maixent. Docteur en Histoire, il consacre une grande partie de ses travaux à la guerre d'Indochine et à l'étude de la guerre révolutionnaire.