Après une enfance ornaise, des études à Coutances et à Caen, Remy de Gourmont monte à Paris où il participe à la fondation du Mercure de France, la petite revue qui, en grandissant, fera de lui le régent de la vie intellectuelle en France comme à l'étranger. Révoqué de la Bibliothèque nationale pour avoir publié Le Joujou patriotisme, il sera, peu de temps après, défiguré par un lupus et deviendra le légendaire reclus du 71 de la rue des Saints-Pères, à Paris.
Auteur de Sixtine, du Latin mystique, du Livre des masques ou d'Esthétique de la langue française (chacun de ces ouvrages fit date et un seul eût suffi pour assurer sa réputation), on ne comprend pas que Gourmont ait disparu du paysage littéraire.
Il est vrai que, penseur libre, il échappe à la pesée intellectuelle. Avec lui, même l'étiquette d'anarchiste de droite ne colle pas ; aussi, est-il plus commode de l'oublier. Il se peut qu'on ne lui pardonne pas d'être l'ironique héron du marécage idéologique, dont le bec agace les dévots de tous bords, qu'ils soient religieux ou athées, antipatriotes ou patriotes, conservateurs ou progressistes, anarchistes ou socialistes, bellicistes ou pacifistes, bien-pensants ou libres penseurs...
Lire Gourmont, c'est à la fois affûter son esprit contre les sectaires d'aujourd'hui et saisir, dans son essence, ce grand moment de notre littérature dont il fut le théoricien exact et le subtil praticien.
L'auteur est né à Équeurdreville (Manche), en 1948 ; ancien professeur de lettres au lycée de Coutances, où il a créé le site des Amateurs de Remy de Gourmont : www.remydegourmont.org ; rédacteur de Scripsi, bulletin du site ; viceprésident du Cercle des amateurs de Remy de Gourmont. Il dédie cet ouvrage à ses petits-enfants, Guillaume et Sixtine.