Indochine 1950. Au nord de ce beau pays, Mao tsé-Toung a pris le pouvoir, et l'immense Chine devenue communiste tend la main au "parti de l'indépendance vietnamienne" dirigé par Hô Chi Minh. Le commandement français décide d'évacuer les postes les plus exposés, sur la route coloniale n° 4 qui longe la frontière. C'est la tragédie. En quinze jours de combats féroces autour de Dong khé et That Khé, la moitié des soldats français mourra. Les autres prendront le chemin des camps...
On a déjà écrit sur la captivité et les conditions de vie dans les camps du Viêt-minh... Oui, mais rarement avec la précision et l'authenticité d'Amédée Thévenet. A ses carnets de guerre se juxtaposent les témoignages des ses camarades survivants, constituant ainsi une sorte d'autobiographie collective et polyphonique, un patchwork d'anecdotes personnelles dans l'histoire. Le résultat est étonnant. Dès la première ligne, nous plongeons dans un récit passionnant, criant de vérité, un journal de marche auquel l'auteur associe ses compagnons d'infortune. Avec des mots simples, des anecdotes de la vie courante, Amédée Thévenet nous emmène au Tonkin, à la frontière de la Chine, où des soldats perdus luttent pour leur survie. Les deux tiers y succomberont, ou plutôt y crèveront. Quelques-uns, par miracle, résisteront à la nature hostile, à l'ambiance avilissante, aux perfidies des commissaires politiques et à la désespérance. Une aventure hallucinante où l'horreur est banalisée, un livre hors du commun.
Amédée Thévenet a 22 ans en 1950. Sergent au bataillon de marche du 8e régiment de tirailleurs marocains, il est blessé à trois reprises, laissé pour mort et fait prisonnier. A son retour de captivité, il entreprend une carrière civile au ministère de la Santé : elle le conduira jusqu'à l'Inspection Générale des Affaires sociales. Il est chevalier de la Légion d'honneur et décoré de la Croix de guerre avec palmes.