Le nom de Georges Albertini s'est longtemps chuchoté entre initiés avec des mines de conspirateur. C'est qu'il a tiré bien des ficelles, dans l'ombre des grands hommes, de Marcel Déat sous l'Occupation à Jacques Chirac à Matignon, en passant par Guy Mollet, Edgar Faure, Georges Pompidou...
Cet enseignant socialiste, né en 1911, syndicaliste et pacifiste passé à la Collaboration, très protégé lors de son procès en 1944, a déployé sous la IV et la Ve République une inlassable activité anticommuniste, financée par le patronat et surtout la CIA, avec centre d'archives, revues, brochures et lobbying intense, faisant merveille dans les milieux politiques autant de gauche que de droite, et même à l'étranger.
Toujours au plus près du pouvoir, l'itinéraire de cet homme de réseaux mort en 1983, passionné et contestable, révèle bien des aspects méconnus et sulfureux d'un demi-siècle de vie politique française.
Pierre Rigoulot, philosophe et historien, est directeur de l'Institut d'histoire sociale, consacré à l'histoire du communisme, du socialisme et du syndicalisme, et qui possède une grande partie des archives d'Albertini. Il a en particulier publié Des Français au goulag, La Tragédie des Malgré-Nous, Les Enfants de l'Epuration, La Véritable Histoire d'Ernesto Guevara.