Geneviève de Brabant !... Depuis douze cents ans, les cœurs généreux se transmettent la tradition de sa navrante histoire et nous versons encore des larmes au récit du martyre de cette chaste épouse, de cette mère, innocente victime de la plus lâche perfidie et de son attachement à la foi conjugale.
"Si jamais, dit Leroux de Lincy, il a existé une légende populaire dans toute l'acception du mot, c'est, sans contredit, celle qui consacre le souvenir des malheurs de Geneviève de Brabant. Parcourez les villes d'une grande partie de l'Europe, et dans toutes les foires, dans tous les marchés, à la porte des églises, vous entendrez chanter sa complainte ; à côté de l'image représentant la crèche ou la Passion, vous verrez celle de la foret où Geneviève endura si patiemment ses souffrances entre son cher enfant et la biche nourricière..."
L'histoire de Geneviève a, plus d'une fois, inspiré le pinceau de nos peintres et la plume de nos littérateurs. Raderus, Corneille, La Chaussée, le chanoine Schmid, et vingt autres, ont su tirer de ce sujet d'intéressantes nouvelles, des romans et des drames. Berquin lui a consacré une de ses plus jolies romances.
On attribue au R. P. Réné de Cerisiez une tragédie chrétienne, parue en 1669, et tirée de son roman les trois états de l'innocence, contenant l'histoire de la Pucelle d'Orléans ou l'Innocence affligée ; de Geneviève, ou l'Innocence reconnue et d'Hirlande, on l'Innocence couronnée.
C'est dans cette trilogie que nous avons puisé les éléments du présent opuscule, parce que, légende ou histoire, tout y respire la sensibilité la plus exquise et la morale la plus pure.