Depuis les premiers jours d'août 1914, René Benjamin, jeune journaliste mobilisé en Lorraine, tient un carnet de "choses vues". Lorsque, après une blessure, il est rapatrié en Anjou, il décide de tirer de ces croquis un roman mettant en scène un Parisien truculent et hâbleur : Gaspard.
Couronné par le prix Goncourt 1915, le livre connaîtra un vif succès.
Précédant Le Feu de Barbusse, Ceux de 14 de Genevoix et Les Croix de bois de Dorgelès, Gaspard est sans doute le premier roman inspiré par la Grande Guerre.
"La guerre de l'été 1914, écrit René Benjamin, se caractérise par deux traits : l'élan charmant de cette race qui courut au feu, pleine de gaillardise, sans soupçonner du tout où elle allait ; puis la criminelle incurie de la plupart de ceux qui nous menèrent : politiques ou officiers. C'est le double sujet de mon livre, qui est un livre triste. On y rit ? Rien n'est plus triste que le rire dans le drame."
René Benjamin (1885-1948) a publié des biographies (de Balzac, Molière, Marie-Antoinette, Guitry), des livres de souvenirs, des pamphlets, des pièces de théâtre et plusieurs romans dont Sous le ciel de France (1916), Les Rapatriés (1918), Grandgoujon (1919), Le Printemps tragique (1940) et L'Enfant tué (1946).