Après " Une Éducation manquée "
4/5 Nouvelle Revue d’Histoire ( NRH )
.----. Une Éducation manquée, premier tome des Souvenirs de Ghislain de Diesbach, laissait espérer à ses lecteurs enthousiastes une suite. La voici.
Lorsque, quittant Saint-Quentin où il a cru mourir d’ennui, le jeune Diesbach débarque un matin du printemps 1949 à Marseille, un autre monde s’ouvre à lui, inédit, merveilleux : le Midi.
Non pas celui de Pagnol mais celui des châteaux de l’arrière-pays, des hôtels particuliers d’Aix-en-Provence où vivent parfois encore les descendants de la noblesse ; celui aussi des grandes familles bourgeoises enrichies grâce au commerce, à l’armement, aux huileries. Monde, il est vrai, en train de disparaître, englouti dans la modernité, tué par les nouvelles fortunes bâties au marché noir, bientôt ruiné par la perte de notre empire colonial.
Censé décrocher un baccalauréat qui ne le motive guère, puis une licence en droit qui le motive moins encore, le jeune comte de Diesbach, entre deux passages épisodiques à la faculté, heureusement éclairés par les bons mots de quelques amis choisis, donc originaux et médisants, passe son temps à rêver à la grande carrière littéraire qui l’attend, si jamais il a le courage de se mettre au travail, et à courir les salons, non pour les beaux yeux de quelque héritière mais pour y recueillir les souvenirs de vieux messieurs et de vieilles dames très dignes.
Légèretés, mondanités, badinages qui ne doivent pas dissimuler l’éclosion d’une vocation d’historien passionné, décidé à ne rien laisser perdre des époques révolues. Ghislain de Diesbach se fait l’observateur caustique de sa propre jeunesse. Pas de grandes figures dans ces pages, hormis celle de Jean de La Varende, auquel Diesbach, comme tant d’autres de ses jeunes admirateurs, rendit une visite de dévotion dont il sortit abasourdi et fort déçu. Ajoutons celle de Marguerite Yourcenar, encore au début de sa carrière littéraire. En revanche, des portraits d’amis, de proches, de relations, croqués avec un mélange de tendresse et de cruauté en général très réjouissant.
Le lecteur prend un vif plaisir à ces anecdotes, souvent d’une extrême drôlerie, et s’aperçoit, en refermant le livre, qu’il vient d’explorer, et de fort près, un pan de l’histoire évanouie de la sociabilité en France. [ Anne Bernet dans Nouvelle Revue d’Histoire ( NRH ), n°43, juillet-août 2009 ]
Marseille en 1949 .
3/5 Valeurs actuelles
.----. Découvrir un nouveau Diesbach, c’est toujours un bonheur, que l’on attend avec une certaine jubilation tant il est vrai que l’auteur est drôle, cultivé, caustique, surtout quand il livre une vie, la sienne, exercice périlleux s’il en est, avec le risque de tomber dans un panégyrique du plus mauvais goût.
Nous l’avions laissé à 18 ans et sa vocation d’historien avec son premier – et remarquable – recueil de souvenirs ( Une éducation manquée ), nous le retrouvons pour la suite à Marseille en 1949, toujours aussi détaché de tout – surtout des études et de lui-même –, sauf de sa soif de rencontres et, dira un de ses amis, de « son goût des grandeurs et de [son] intransigeance en matière mondaine ». Sous une plume toujours légère et acérée, Marseille et ses entrailles sont des personnages à part entière, prodigieux. Diesbach nous en fait sentir la chaleur, la crasse, au milieu de figures à la Raimu, [...] On ne s’en lasse pas. La seule ambition de notre auteur était de se faire « éventuellement un nom dans les lettres en laissant à la postérité un volume de souvenirs ». Le contrat est amplement rempli. [ Valeurs actuelles - 9 juillet 2009 ]