Depuis une trentaine d'années, la conception traditionnelle de l'histoire de la musique, essentiellement narrative, est radicalement remise en question. Le présent ouvrage, paru en 1977 mais jusqu'à maintenant inaccessible en traduction française, a été l'un des catalyseurs de ce bouleversement.
Dans les Fondements de l'histoire de la musique, le musicologue allemand Carl Dahlhaus développe une réflexion approfondi sur les bases théoriques de l'histoire de la musique, dont il traque sans complaisance les contradictions et les difficultés. L'oeuvre musicale, pierre angulaire de son entreprise historiographique, est appréhendée dans sa double nature historique et esthétique : legs documentaire du passé, mais aussi - et surtout - objet d'écoute et de contemplation suscitant des expériences constamment réactualisées. Toute la démarche de Dahlhaus vise à concilier ces deux aspects, posant des fondements selon de multiples perspectives. Ainsi l'approche historiographique innovatrice mise en pratique dans sa monumentale Musique du XlXe siècle (1980) trouve-t-elle sa théorisation dans les Fondements, qui demeurent une référence essentielle pour toute réflexion sur l'historiographie de la musique et des autres modes d'expression artistique.
Carl Dahlhaus (1928-1989) est l'une des figures majeures de la musicologie du XXe : siècle. De 1967 à sa mort, il occupe la chaire d'histoire de la musique de la Technische Universität Berlin dont il fait l'un des principaux foyers intellectuels de la musicologie internationale. Ses nombreux ouvrages traitent aussi bien d'analyse musicale que d'esthétique et d'histoire de la musique. Parmi ceux-ci, on compte Musikästhetik (1967), Analyse und Werturteil (1970) (''Analyse et jugement de valeur" : Analyse musicale, n° 19, 1990), Die Idee der absoluten Musik (1976) (L'idée de la musique absolue, Contrechamps, 1997) et Musikalischer Realismus : Zur Musikgeschichte des 19. Jahrhunderts (1982).
Marie-Hélène Benoit-Otis, qui présente et traduit cet ouvrage, est musicologue et germaniste. Professeur de musicologie à l'université de Montréal, elle est l'auteur, notamment, d'Ernest Chausson, "Le Roi Arthus" et l'opéra wagnérien en France (Francfort, Peter Lang, 2012).